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Promesses d’enfance

Quatre films et toujours le thème de l’enfance. Enfance perdue, enfance qui perdure. Enfance structurante, irrémédiablement. Après Frères, film sur l’adolescence dans les cités, Déjà mort…

Quatre films et toujours le thème de l’enfance. Enfance perdue, enfance qui perdure. Enfance structurante, irrémédiablement. Après Frères, film sur l’adolescence dans les cités, Déjà mort (http://membres.lycos.fr/dejamort/deja_mort.htm), peinture de la jeunesse dorée de la Côte d’Azur, Le Petit Poucet (www.bacfilms.com/petitpoucet/), adaptation du conte de Charles Perrault, Olivier Dahan explore, avec La Vie promise, les fêlures d’une vie d’adulte chaotique parce qu’oublieuse des verts paradis enfantins. “La plus belle chose d’une personne se trouve dans le fleuve fantôme. Ce que tu es maintenant, ce que tu as été petite fille, que tu as oublié en grandissant. Ce que tu ne cesseras jamais d’être”, énonce Isabelle Huppert, alias Sylvia, une prostituée qui reconstitue son passé à la faveur d’une fuite en avant. Cette phrase est “la plus importante du film, celle qui le résume”, assure Olivier Dahan dans une interview à lire sur www.bacfilms.com/promise, le site officiel du film (avec bande annonce et extraits musicaux). Usant d’une palette de nuances qu’on finirait par croire infinie, Isabelle Huppert, décolorée, look de rockeuse rebelle, incarne avec son habituelle justesse cette paumée qui, en effaçant son statut de mère ?” elle a une fille de 14 ans abandonnée à sa naissance, et un fils de 8 ans qu’elle n’a élevé que quelques mois ?”, a renoncé à ses souvenirs d’enfance, à cette “vie promise” par sa grand-mère. Contrainte de tailler la route avec sa fille, ado en crise joliment interprétée par Maud Forget, Sylvia renoue, au gré des paysages, avec les éléments, ceux de la nature et ceux de sa vraie personnalité. Héroïne d’un road movie très plastique, chromatique, fait de grands espaces filmés comme des toiles de peintre, sa reconstruction mentale suit le chemin des fleurs, fil d’Ariane de ce bel opus.

Mon c?”ur blessé se referme

Elle erre ainsi de l’aconit, qui veut dire “mon c?”ur blessé se referme”, au coquelicot (“ardeur fragile, consolation”) dont le délicat flottement au vent constitue le dernier ?” et superbe ?” plan du film. Des hommes, bien sûr, peuplent ce voyage initiatique, participent à cette quête de soi, du mari bon Samaritain, qui panse les plaies mais ne chasse pas les ténèbres, à l’inconnu de la station-service, taulard écorché qui se révèle un alter ego?”Pascal Greggory ?” en passant par le fils oublié dont la seule vue, des années plus tard, réconcilie avec la maternité. Au total, un film onirique et épidermique, pas ou peu intellectualisé. “Je n’ai pas du tout envie de faire un cinéma ésotérique, impénétrable, à la compréhension rebutante. Au contraire, je veux que mes films soient complètement accessibles, prévient Olivier Dahan. Il faut simplement un regard, une écoute purement physique.” Et une disponibilité à un lyrisme parfois “limite”, une émotion à fleur de peau. Rassurez-vous ou profitez-en : Olivier Dahan veut “boucler la boucle” des longs métrages sur l’enfance, et se tourner vers des films “à grand spectacle, l’entertainment “. Il est pressenti pour tourner la suite des Rivières pourpres (www.rivieres-pourpres.com), dont le premier épisode se situait dans le milieu universitaire. Transition vers le monde adulte ?“La Vie Promise “, sur les écrans le 4 septembre.

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Sophie Janvier-Godat