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Place aux vendeurs de pommes spécialisés

On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Avec ses boutiques dédiées, Apple veut rompre avec l’ordinaire des rayons high-tech.

Dans l’espace blanc et lumineux de la boutique d’Apple à Palo Alto, les visiteurs flânent d’un espace à l’autre. Ils vont du coin réservé à la vidéo vers ceux de la création graphique, de la musique ou de la photo. La douzaine de vendeurs affichent une allure décontractée. ” On a vraiment pas le temps de s’ennuyer, constate Bill, directeur adjoint du magasin. L’afflux de clientèle est continu et c’est déjà l’un des premiers objectifs atteints pour cette boutique. “À tour de rôle, deux “ wizards” (sorciers), à la fois vendeurs et techniciens, se relaient autour d’un portable Powerbook Titanium pour y refaire une démonstration de montage vidéo à partir des images de badauds capturées par les deux caméras qui visent l’entrée du magasin.”Ça impressionne toujours, explique l’un des vendeurs. L’autre jour, c’est un reporter “free lance” d’une télévision locale qui est venu me voir. Même les pros sont convaincus par la qualité “, lance-t-il à la cantonade. Car ce qui compte ici, c’est avant tout de satisfaire la curiosité des visiteurs. “ Nous sommes là pour faire découvrir Apple à ceux qui ne le connaissent pas, poursuit Bill. C’est le cas d’à peu près un visiteur sur deux. Certains viennent avec des questions et un projet précis ; d’autres sont attirés par l’esthétique, l’interface ou les accessoires comme l’Ipod. “Au fond du magasin, l’écran géant de l’amphithéâtre vient justement de s’animer, présentant les avantages de l’utilisation conjointe d’Ipod et d’Itunes, le logiciel musical d’Apple. Il y a comme cela cinq à six démos par jour.”Celle qui intéresse le plus est encore liée à la vidéo “, estime l’un des ” wizards ” du rayon, non sans une certaine fierté. Mais le point de ralliement des sceptiques et des partisans chevronnés du Macintosh reste le Genius Café, une idée qui viendrait de Steve Jobs lui-même.” C’est une sorte de club ouvert où tout le monde peut venir poser ses questions aux ingénieurs de support technique et discuter avec d’autres clients “, explique Bill. Derrière le comptoir, et en lieu et place des bouteilles, une rangée discrète de documentations. La devise de la maison s’affiche, elle, sur tout un pan de mur : ” À tous les non-conformistes… 

Sortir de la niche

L’objectif de Steve Jobs, en ouvrant les boutiques, était pourtant d’élargir son audience au-delà du petit cercle de créatifs fidèles au Macintosh. Un pari semble-t-il réussi, si l’on en juge par la fréquentation de la boutique de Palo Alto.” Je ne sais pas si c’est pareil dans les autres boutiques, ajoute Bill, mais ici, la fréquentation, et même les ventes, dépassent nos espérances initiales. Il y a autant de professionnels qui viennent étudier le déploiement de Macintosh dans leur entreprise que de particuliers qui projettent d’acheter un ordinateur à leurs enfants. “Pour Ross, la cinquantaine grisonnante, le problème est différent. ” J’ai appris il y a peu que le cabinet de conseil dans lequel je travaille remplacerait bientôt les PC par des Macintosh, explique-t-il à un “ wizard ” à la chevelure de musicien de hard-rock. Cela fait des années que je travaille sur PC. Qu’est-ce qui change ? ” La conversation durera un bon quart d’heure, le temps de faire le tour du magasin.

Le petit monde d’Apple

Ordinateurs de poche, caméscopes et appareils photo numériques, logiciels, la boutique Apple de Palo Alto regroupe en fait tout ce dont on peut avoir besoin pour démarrer avec un Macintosh. Chose curieuse, le magasin réserve même un espace congru à Microsoft, y démontrant les capacités du nouvel Office X pour Mac. ” Ils ont vraiment fait du bon boulot cette fois “, assure le vendeur avant de détailler une à une, pour un petit groupe de clients très attentifs, les nouveautés de la suite bureautique de Microsoft.Une qualité d’accueil qui justifie à elle seule l’ouverture par Apple de son propre réseau de distribution. À quelques dizaines de kilomètres, la zone Apple de la grande surface informatique Comp USA reste désespérément vide. Pourtant, vu de l’extérieur, l’aspect de la boutique est sensiblement le même. Mais il n’y a personne ou presque.Alignés comme au poteau, les Macintosh ne sont même pas tous allumés. Et il faut en fait descendre au sous-sol du magasin pour y trouver un vendeur estampillé Macintosh. Là encore, la déception est au rendez-vous. Pressé ou pas réellement motivé par l’idée de vendre, peu au fait des caractéristiques techniques ?” c’est souvent le client qui trouve seul la réponse à sa question ?”, il pousse immanquablement l’acheteur potentiel vers la pile d’Imac qui couvre tout un mur du magasin. La mésaventure, racontée à un vendeur de la boutique de Palo Alto, déclenche un sourire poli mais explicite. “ La prochaine fois, il faudra venir nous voir directement.

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Paul Philipon-Dollet