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Partager les coûts de l’UMTS entre opérateurs et équipementiers

Le coût élevé des licences et du déploiement, associé à la frilosité des banques, forcent les acteurs de l’UMTS à se serrer les coudes.

Avant d’être une révolution technologique, l’UMTS est avant tout un risque financier pour les opérateurs européens. Obligés de payer des fortunes pour acquérir des licences ?” de leur plein gré avec les enchères ou contraints par les Etats ?” et pour déployer les futurs réseaux, ils cherchent à partager les risques.Les équipementiers sont logiquement les premiers concernés, puisqu’ils ont besoin du succès de l’UMTS. Pour Henri Tcheng, associé responsable des télécoms et des médias chez Arthur Andersen, ” c’est un juste retour des choses. Les constructeurs ont poussé l’UMTS ?” un standard coûteux nécessitant des infrastructures mobiles nouvelles. Ils ont autant d’argent à gagner dans les trois prochaines années que dans les douze dernières”.Bernard Vaslin d’Alcatel CIT, estime qu’ ” il est normal, en tant qu’industriel, que nous partagions les risques avec nos clients “. Les équipementiers sont en effet obligés de se substituer à des banques devenues très frileuses. Ce financement par les fournisseurs atteint désormais jusqu’à 150 % de la commande.Ainsi, les équipementiers d’Orange (France Télécom) ?” à savoir Nokia, Ericsson et Alcatel ?” lui ont accordé un prêt de 3,45 milliards d’euros, pour des contrats d’un montant de 2,3 milliards d’euros. Nokia est le plus généreux, puisqu’il a octroyé à Orange plus de 2 milliards d’euros. Mais Paul-Henri Ferrand, directeur général de Nokia Networks, relativise : ” Nous ne finançons pas n’importe qui. “Les risques peuvent aussi se partager entre opérateurs. La Commission européenne prône ainsi le partage des investissements et des réseaux entre opérateurs. En Allemagne, cinq des six opérateurs licenciés (Viag, Mobilcom, Telefonica, T-Mobil et E-Plus) se sont déclarés ouverts à une coopération. En France, Christian Pierret, secrétaire d’Etat à l’Industrie, y est favorable.Henri Tcheng estime que les économies pourraient tourner autour de 15 à 25 % des investissements. Reste à savoir jusqu’où coopérer. La mutualisation pourrait aller de la recherche du site au partage d’une station radio. Le c?”ur du réseau, lui, serait trop stratégique pour être partagé. ” Plus on s’éloigne de la partie radio, et moins les équipements sont mutualisables “, avance Vincent Poulbère de l’Idate. Techniquement, le partage d’un relais radio n’est pas utopique, même s’il ne va pas de soi.Les problèmes soulevés sont plutôt d’ordre commercial et réglementaire. Le frein est aussi culturel : ” Les opérateurs viennent d’un monde où le réseau est le c?”ur de métier”, souligne Henri Tcheng. France Télécom, par exemple, n’est pas du tout enclin à partager là où il est en position de force, comme en France ou en Grande-Bretagne. Cependant, en Allemagne, où il ne détient pour le moment que 28,5 % de Mobilcom et où il faudra affronter cinq concurrents, l’opérateur se dit ouvert à la coopération. Toutefois, il n’envisage pas que cela aille jusqu’à partager les relais radio, mais seulement des sites.

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Annabelle Bouard et Guillaume Deleurence