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Palm réussira-t-il à stopper sa chute ?

Démission du PDG, baisse des ventes et des parts de marché, descente aux enfers de l’action… Bientôt scindée en deux entités autonomes, Palm s’active sur tous les fronts, en espérant que le marché des PDA lui sourira de nouveau en 2002.

Palm a popularisé les assistants numériques personnels (PDA) en vendant plus de 14 millions d’organiseurs à ce jour. La société fédère également plus de 170 000 développeurs autour de sa plate-forme Palm OS. Malgré ce succès indéniable, l’entreprise est entrée cette année dans une zone de fortes turbulences.Pour preuve : 25 % des effectifs ont été licenciés, le PDG a récemment démissionné (Eric Benhamou, patron de 3Com et président du conseil d’administration de Palm, assurant l’intérim), les pertes s’élèvent à 32,4 millions de dollars au premier trimestre 2002, tandis que l’action a perdu 90 % de sa valeur depuis le début d’année, tombant à moins de 3 dollars (la capitalisation boursière a, quant à elle, fondu de plus de 36 milliards de dollars à 1,5 milliard de dollars aujourd’hui).” 2001 n’est pas pour autant une année noire pour nous “, conteste Philippe Nahman, directeur de Palm France. ” Après une année 2000 exceptionnelle, le marché des PDA, encore jeune, connaît un ralentissement. Nous avons été touchés par le phénomène, comme tous nos concurrents “, poursuit le responsable de Palm France, pour qui les problèmes de stocks difficiles à écouler ont surtout affecté les Etats-Unis, beaucoup moins l’Europe et pas du tout la France, qui fait bande à part.” Au cours des douze derniers mois, nous avons maintenu une part de marché moyenne sur les volumes comprise entre 48 % et 52 % des PDA vendus en France “, déclare ainsi Philippe Nahman.Mais comment expliquer alors ce sentiment de flottement perçu à la tête de l’entreprise ? Dernier exemple en date : Mike Weatherley, vice-président Europe, vient d’annoncer son départ, huit mois seulement après son arrivée.

Une évolution du marché qui a surpris Palm

Le marché des PDA, dominé depuis ses débuts par Palm, s’est rapidement transformé cette année. D’une part, les fabricants de terminaux se sont multipliés. D’autre part, la lutte entre systèmes d’exploitation (Palm OS, Symbian, Microsoft Pocket PC et, bientôt, Linux) s’est durcie.Palm s’est laissé surprendre, bousculé par ce double ” effet ciseau “. La crise du marché de l’informatique n’a fait qu’aggraver la situation.Les chiffres récemment publiés indiquent l’ampleur du recul subi par la société sur son marché. Palm a livré en Europe de l’Ouest deux fois moins de PDA au troisième trimestre 2001 que l’an dernier, passant de 52,5 % à 37,9 % de parts de marché, selon Gartner Dataquest (une étude de Canalys indiquant la même tendance).Dans le même temps, l’iPaq de Compaq, ” cheval de Troie ” dans la lutte de Microsoft pour imposer Pocket PC, est passé, en un an, de 8,1 % à 16,9 % de parts de marché. En prime, ses résultats financiers sont meilleurs, car cet assistant numérique vendu entre 3 000 et 4 000 francs hors taxes, vise le marché des entreprises, plus lucratif.Menacé par le haut, Palm l’est aussi par le bas, avec la bataille des prix imposée, notamment, par Handspring et ses assistants fonctionnant avec Palm OS, qui, en un an, est passé de 7,1 % à 12 % de parts de marché en Europe de l’Ouest.Pour mieux lutter sur ces deux fronts, Palm a confirmé sa décision de scinder ses activités en deux entreprises indépendantes, dès la fin 2001. Il y aura, d’un côté, Palm, fabricant d’organiseurs, et, d’un autre, Palm Platform Solutions Group (PSG), développeur du système d’exploitation vendu sous licence. ” Cela a le mérite de clarifier les choses “, estime Philippe Nahman.

Pocket PC, la menace ?

Avec Compaq qui fait la course en tête, suivi de Hewlett-Packard Jornada, de Casio et, bientôt, de NEC, Toshiba, Acer, voire Sony (jusqu’alors adepte de Palm OS), Pocket PC désormais édité en version 2002 espère grignoter encore un peu plus le marché des PDA dans l’entreprise. Ainsi, fin mai 2001, Microsoft annonçait que 1,25 million d’assistants Pocket PC avaient été livrés durant leur première année de commercialisation.” Palm doit faire vite s’il veut rivaliser avec les capacités de traitement et de connexion, mais aussi la puissance du processeur et du système qui équipent les Pockets PC, pense Rémy Poulachon, responsable de l’activité mobile au sein de Cross Systems. Le produit est encore perçu comme un organiseur par les entreprises, pas comme un ordinateur de poche. “Ce à quoi Palm rétorque, par la voix de Philippe Nahman, que la philosophie du produit n’est pas en effet d’être un ordinateur, mais un outil mobile de gestion de l’information. De plus, la société affirme que 95 % des usages d’un PDA se limitent aux fonctions d’organiseur : agenda, contacts, tâches en cours, etc.” En outre, si nous ne vendons que 30 % à 40 % de nos produits directement auprès des entreprises, nous estimons que 80 % des Palm sont en fait utilisés pour un usage professionnel, sur le lieu de travail “, renchérit le dirigeant de Palm France.Dans le même temps, d’où l’ambiguïté du discours, Palm a repris cet été les technologies et une partie des équipes d’ingénieurs de Be OS, afin de tirer parti des capacités multimédias de ce système d’exploitation.De même, dès 2002, devraient sortir des produits équipés de puces ARM, plus puissantes que les actuelles Motorola à 33 MHz.Enfin, un produit en cours d’élaboration, le m705, devrait inclure une fonction de communication sans fil, pour mieux contrer les téléphones PDA proposés par Nokia (sur plate-forme Symbian), Handspring ou Kyocera.Soit autant d’armes, a priori, pour ferrailler avec Pocket PC sur le marché des entreprises. ” Le problème pour Palm est d’évoluer rapidement vers plus de puissance, tout en préservant sa base installée ?” comme Microsoft a longtemps dû tenir compte des limites de DOS pour ses systèmes d’exploitation “, confie Rémy Poulachon.2002 dira donc si Palm aura su résoudre cette quadrature du cercle.

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Laurent Campagnolle