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OracleXchange doit mûrir et s’ouvrir davantage

Le numéro un des SGDB s’est trouvé une nouvelle marotte, le commerce électronique interentreprises, avec son offre OracleXchange. Il pousse le démarrage de places de marché, mais pèche par l’immaturité de son offre et son manque d’ouverture aux autres produits.

Jamais à court de cheval de bataille, Oracle se mue aujourd’hui en véritable croisé du commerce interentreprises. La pierre angulaire de sa stratégie de conquête ? Sa propre place de marché OracleXchange, bien entendu, assise sur le socle de son propre SGBD Oracle 8i. Outre-Atlantique, ses premiers clients, annoncés en rafale depuis le début de cette année, se nomment, par exemple, Covisint, créé par les constructeurs d’automobiles Ford, General Motors et Daimler-Chrysler. Mais on trouve également parmi eux les grands distributeurs Carrefour et Sears sur GlobalNetExchange, ainsi que le pétrolier Chevron Corp. et McLane, une filiale du distributeur Wal Mart sur la plate-forme RetailMarketXchange.
Chacune de ces places de marché se veut résolument verticale. Elles ne concernent qu’un seul secteur d’activité économique. Par conséquent, seuls les fournisseurs des sociétés fondatrices seront invités à y prendre part. D’ailleurs, non content d’être leur fournisseur de logiciels, Oracle s’est aussi invité au capital de chacune de ces entités, leur introduction en Bourse étant prévue fin 2000. De son côté, la place 3BTrade. com de Belgacom (voir encadré), également construite autour d’Oracle, est une place de marché dite horizontale, qui se donne pour vocation de fédérer des communautés de fournisseurs issus de tous horizons.

Une mise en place à grande vitesse

Dans tous les cas de figure, la stratégie de conquête montrée par Oracle impose des délais de réalisation très courts. Pour cette raison, le lancement de RetailMarketXchange est, d’ailleurs, attendu dès cet été. Et, selon Jean-Jacques Triboulet, responsable marketing B to B chez Oracle France, Carrefour aurait déjà débuté l’échange de documents avec ses fournisseurs, soixante jours seulement après le démarrage de GlobalNetExchange. Pour sa part, Ford aurait récemment lancé la première enchère autour du pneu. Après neuf heures d’enchères menées sur OracleXchange, le constructeur aurait acquis pour 78 millions de dollars un stock habituellement évalué à 100 millions de dollars au meilleur prix. Mais le passage à l’acte rapide de GlobalNetExchange et de RetailMarketXchange s’explique aussi par l’emploi de produits Oracle en interne. Carrefour est, par exemple, un utilisateur invétéré de la base de données et du module du progiciel de gestion intégré Oracle Financials de l’éditeur. Sa mise en ?”uvre du module d’achat Internet Procurement d’OracleXchange se serait donc révélée plus aisée.
Oracle se trouve cependant face au problème de l’immaturité de son offre. Ce module Internet Procurement, par exemple, n’existe encore qu’en version bêta, même si ses précédentes moutures comptent environ trois cents références.

Commerce One imposé par General Motors

Quant au module Advanced Planning and Scheduling, désormais livré avec l’e-Business Suite 11i, sa base installée serait quasiment inexistante, selon le Gartner Group. Enfin, l’élément Collaborative n’est même pas encore sur le marché. Oracle est donc contraint et forcé de cohabiter avec ses concurrents. Dans le cas de la place de marché Covisint, par exemple, General Motors a imposé la présence de la start up Commerce One, spécialiste des achats hors production. Celle-ci jouit en effet d’une expérience de trois ans déjà dans le monde du commerce électronique interentreprises. A la fois éditeur et opérateur de sa propre plate-forme de place de marché MarketSite, elle propose aussi un module d’achats BuySite. Et ce dernier a fait l’objet d’une intégration poussée avec la majorité des PGI.
Pour autant, Oracle esquisse également de son côté quelques pistes vers l’interopérabilité, en particulier via XML. Pour les échanges entre la place de marché et le système d’information de l’entreprise, ce langage est jugé incontournable. “Contrairement à l’EDI, il n’impose pas autant d’interfaces que de clients”, assure Jimi Anidjar, PDG d’Oracle France. Cependant, le ” parser ” (analyseur syntaxique) XML de l’éditeur, développé en Java, ne supporte que la version 1. 0 de XML. Contrairement à Commerce One avec son xCBL, Oracle n’a pas développé de version spécifique de ce métalangage pour les échanges interentreprises.
Quant à l’intégration à des environnements tiers, Oracle l’appuiera, à terme, sur les offres de plusieurs éditeurs d’EAI (Enterprise Application Integration), dont celles de WebMethods, de Tibco et de Crossworlds

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Samuel Cadogan et Patrick Cappelli