La situation des opérateurs paneuropéens semble critique, comment l’analysez-vous ?Il y a un an, quand nous parlions d’investissements en centaines de millions d’euros pour notre réseau, nous faisions figure de ” petits “. Aujourd’hui, je ne peux que me réjouir d’avoir annoncé des investissements réalistes. Nous n’avons rien revu à la baisse, et nous poursuivons notre déploiement exactement comme prévu, car la croissance de la demande de bande passante reste forte.La concentration et les faillites vont-elles se poursuivre ? Et jusqu’où ?De nombreux opérateurs ont été victimes de la flambée de la Bourse. Certains ont atteint des valorisations énormes, irréalistes par rapport à leur vrai profil. Cela a provoqué quelques croissances trop rapides, autant en termes de collaborateurs que de gammes de services. Le marché doit donc faire face à des concentrations, voire à des disparitions. Il y a, au final, la place pour une petite dizaine ” d’opérateurs paneuropéens généralistes “, pas plus…Certaines difficultés rencontrées par les opérateurs sont dues à leur diversification, à laquelle vous avez renoncé…À l’époque où l’euphorie boursière était à son comble, certains opérateurs ont connu des croissances trop rapides. Ces croissances se sont souvent traduites par des diversifications, rendues possibles par l’abondance des ressources alors disponibles en matière d’investissements. Puis ces diversifications ont entraîné des recrutements massifs pour commercialiser ces services. Parfois, ce fut le cas pour l’hébergement, la demande a été surestimée… Nous avons choisi de faire un métier et un seul, ” producteur de bande passante “, et d’essayer de le faire bien.De grosses sociétés de trading montrent le bout du nez en Europe. Quel rôle vont-elles jouer dans les télécoms ?Ces géants du trading d’énergie, comme Enron ou Dynergy, arrivent massivement sur le sol européen et vont jouer un rôle capital sur le marché. Ces sociétés considèrent que la bande passante est la matière première sur laquelle reposeront les services à valeur ajoutée, au même titre que l’électricité. Elles vont mettre en ?”uvre leur stratégie, qui a déjà été un succès incontestable dans le domaine de l’énergie. Elles vont ” fluidifier ” le marché, le rendre plus flexible et transparent, le faisant passer du stade artisanal au stade industriel. Nous croyons que la bande passante est amenée, dans les douze à dix-huit prochains mois, à devenir une matière première banalisée comme le gaz ou l’électricité. Les marges ne vont cesser de baisser, et seul le volume fera la rentabilité de sociétés comme les nôtres. Nous avons anticipé cette évolution, et nous avons construit cette société dans cette optique.Dans votre métier, faut-il posséder ses fibres optiques ou plutôt les louer ?C’est surtout sur le plan comptable que cela crée une différence, selon qu’il s’agit d’investissements amortissables, de droits d’usage, de droits de passage… En revanche, il existe de nombreuses façons de procéder : construire, acheter, louer… Pour répondre au mieux à toutes les opportunités, il est parfois nécessaire d’utiliser plusieurs formules… Très bien implantés en Europe du Sud, nous n’hésitons pas à travailler avec des spécialistes de l’Europe du Nord, comme le suédois Telia, pour offrir la meilleure liaison Stockholm-Madrid disponible, et, cela, dans les meilleurs délais.
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