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Netflix prend des mesures pour mieux respecter l’environnement… mais oublie un point essentiel

Le géant américain veut réduire considérablement ses émissions de gaz à effet de serre. Mais il ne compte pas le streaming de ses abonnés dans son périmètre, alors que cet usage est amené à croître considérablement.

Netflix met en place son programme Net Zero + Nature, comme annoncé sur son site officiel, de manière à atteindre la neutralité carbone d’ici la fin de l’année 2022. Il assure que la moitié de ces émissions de gaz à effet de serre sont imputables à la production de ses contenus. Et il promet de réduire ses émissions directes et indirectes de 45% d’ici 2030. Pour le reste, il compensera en investissant dans des sites permettant de capturer du carbone, comme les forêts tropicales ou dans la régénération de systèmes telle que la restauration de prairies et de mangroves. 

Le géant américain s’enorgueillit d’avoir consulté plus de 60 experts indépendants et s’engage à respecter différents engagements dont ceux de l’Accord de Paris sur le climat. Les efforts semblent donc substantiels. Sauf qu’il y a un petit détail qui gêne dans cette belle démonstration.

A qui la responsabilité du streaming ?

Si Netflix prend bien en compte sa propre utilisation des réseaux pour héberger ses contenus dans le cloud et les diffuser avec Open Connect, il  exclut le streaming des abonnés de son périmètre. « Nous n’incluons pas les émissions provenant de la transmission Internet ou des appareils électroniques que nos membres utilisent pour regarder Netflix », peut-on lire dans la note de blog. Netflix se décharge de cette responsabilité sur les FAI et les fabricants d’appareils. « C’est à eux idéalement de tenir compte de ces émissions ». C’est un peu comme si Apple ne considérait que la partie fabrication et livraison de ses iPhone en passant sous silence le reste du cycle de vie de ses appareils.

Pour Frédéric Bordage, expert de la communauté Green IT, le calcul de Netflix ne serait pas conforme au standard ISO 14040:2006. « Ce standard est la seule méthodologie internationalement reconnue pour quantifier des impacts environnementaux. Il nous enjoint de prendre en compte tous les impacts, de bout en bout, associés à la réalisation de l’acte “Regarder un film en streaming” ». Cela implique non seulement de prendre en compte l’impact du streaming mais également celui des téléviseurs.

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L’usage de la vidéo croit de façon exponentielle

Par ailleurs, faut-il rappeler que Netflix compte plus de 200 millions d’abonnés dans le monde à son service ? Qu’il est responsable à lui seul du tiers du trafic Internet aux Etats-Unis et du quart France ? C’est déjà énorme, mais cela devrait encore augmenter dans les années à venir, comme pour les autres plate-formes. Cisco a prévu qu’en 2021, la vidéo représentera 80% du trafic internet total. Elle contribue déjà aux 30% de hausse annuelle du trafic mobile.

L’empreinte du numérique était due jusque-là essentiellement à la fabrication des terminaux. Mais cette croissance exponentielle de la vidéo pourrait changer la donne : la part des réseaux dans les émissions de gaz à effet de serre va s’alourdir. Pour être vraiment responsable, Netflix devra tenir compte de ces bouleversements à venir et de toutes ses émissions carbones externes.

Source : Netflix

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Amélie CHARNAY