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Modéliser l’être humain, l’ultime défi

En modélisant nos visages et en reproduisant nos émotions, les chercheurs donnent naissance à nos jumeaux virtuels. Mus par une vie artificielle, ces doubles seront capables d’imiter à la perfection les attitudes humaines et d’évoluer dans des mondes autonomes.

Aujourd’hui : ça manque encore de naturel

Les mondes virtuels existent sur Internet, à l’exemple d’Active Worlds ( www.activeworlds.com), de Planetis3D ( www.planetis3D.com), ou du Deuxième Monde, de Canal Plus ( www.snd-world.fr). L’amateur de rencontres peut y découvrir des environnements habités, voire des reproductions de lieux réels, comme la place de l’Etoile, à Paris, pour dialoguer avec d’autres personnes. Mais la copie de l’homme reste sommaire. Les personnages graphiques, ou avatars, se déplacent de façon peu naturelle. Ils sont surtout peu expressifs. Un défaut que comptent pallier deux jeunes sociétés britanniques, Digimask et BioVirtual. Elles viennent de développer chacune un logiciel graphique capable d’animer en 3D un visage reconstitué à partir de deux clichés (face et profil) de modèle réel. La tête prend vie et peut sourire, s’étonner, faire des clins d’?”il, avec un réalisme presque convaincant. “Le visage pourra également être réexploité sur n’importe quel logiciel, par exemple pour communiquer à distance ou être intégré dans un jeu vidéo”, explique Tony Pearce, responsable du développement chez Digimask. La société aurait déjà utilisé sa technologie dans de futurs jeux destinés à la PlayStation 2, de Sony. Au catalogue, notamment, un logiciel de simulation de football où l’on pourra donner son visage au capitaine de l’équipe.

Demain : une ressemblance à s’y méprendre

Le clone numérique ne sera au point que lorsqu’il reproduira parfaitement les gestes et les expressions de son modèle en chair et en os. L’expérience réalisée récemment à l’Université de Californie du Nord, aux Etats-Unis, va dans ce sens. Au cours d’une téléconférence, les postures des participants ont été filmées et analysées sous toutes les coutures, puis reproduites précisément par des clones numériques. Bluffant ! “Un jour, on aura du mal à faire la différence entre le virtuel et la réalité “, commente Jean-Luc Dugelay, qui travaille sur les clones virtuels à l’institut de recherche Eurecom de Sophia-Antipolis, à Montpellier. A l’entendre, de fidèles répliques d’humains cohabiteront bientôt avec des créatures inventées de toutes pièces dans des mondes artificiels de plus en plus autonomes. Des univers dans lesquels croîtront des animaux, une flore et une végétation numériques. “Pour l’instant, peu de projets intègrent des écosystèmes virtuels “, regrette Claude Lattaud, directeur de recherches au Laboratoire d’intelligence artificielle de l’université René Descartes, à Paris. “Cela demande une collaboration poussée entre des équipes issues de l’animation et de l’intelligence artificielle.” Selon lui, on peut déjà reproduire avec réalisme la vie d’une fourmilière. Mais on n’est pas près de mettre en équation une cour de récréation !

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Didier Castelnau