Passer au contenu

Mathieu Weill : gardien du .fr

Si le .fr plante, le Web français s’arrête : e-mails, e-commerce, administration, sites d’information… La première mission du directeur général de l’Afnic : que cela n’arrive pas !

Sur ses épaules : tout ce qui porte un nom se terminant par .fr. Entre ses mains : une infrastructure qui doit fonctionner 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, sans défaillance. Mathieu Weill est directeur général de l’Afnic, l’Association française pour le nommage Internet en coopération, soit concrètement le gestionnaire technique et administratif des noms de domaine en .fr et .re (Île de la Réunion). Pour lui, l’Afnic a une mission d’intérêt général, au service de l’État et donc de tous les citoyens français. Et c’est ça qui lui plaît, d’autant plus que ça se passe dans son secteur de prédilection, réseaux et télécoms. En 2005, quand il prend ses fonctions, le .fr est encore réservé aux entreprises. Son premier sujet est donc de préparer l’ouverture de ce nom de domaine au grand public. Un grand changement de mentalité. “ On a assisté à une déferlante d’hébergeurs ”, se rappelle Mathieu Weill. L’ouverture aux particuliers a été une réussite : +63 % de croissance pour le .fr en 2006 ! Aujourd’hui, 54 personnes travaillent à l’Afnic. Un tiers d’entre elles sont des ingénieurs et techniciens. Ils veillent sur l’infrastructure DNS, qui associe nom de domaine et adresse IP. Un système adopté par tous, efficace… mais non sans défauts. Vulnérable notamment sur l’authentification ? on se rappelle de la faille Kaminsky, du nom du célèbre chercheur en sécurité, qui a démontré qu’il était assez simple pour un attaquant d’empoisonner le cache d’un serveur DNS et de rediriger ainsi le trafic d’un domaine vers un serveur sous son contrôle. Autre faiblesse : le DNS repose sur des bases de données centrales. Un système pyramidal tout à fait adapté puisqu’il garantit qu’un nom de domaine est unique et toujours accessible. Le problème, c’est que quiconque a accès à sa racine peut potentiellement tout verrouiller. Un point qui pose la question (récurrente) de la gouvernance du Net. Actuellement, l’Icann est le grand régulateur technique mondial. Mais derrière cette organisation, on trouve le poids du Département du commerce américain. “ On ne remet pas en cause le DoC,, précise Mathieu Weill, on discute d’une inquiétude théorique. Les événements récents en Afrique nous ont montré encore une fois que ceux qui contrôlent les vannes sont décisifs. ” Fin juin, une réunion se tiendra justement autour de l’Icann. Elle pourrait officialiser l’appel à candidatures pour les nouvelles extensions. On s’attend à une grosse bataille autour du .vin, que tout le monde va vouloir s’arracher, “ avec une guerre terrible des avocats ”, sourit Mathieu Weill. L’Icann tranchera.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Delphine Sabattier