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Maryvonne Cronier (CNAMTS) : ” La Caisse nationale recentre son système d’information sur ses assurés “

La nouvelle direction de l’informatique va refondre par palier et sur quatre ans le système d’information du premier assureur français en matière de santé.

Titulaire d’une maîtrise en maths, Maryvonne Cronier, d’abord programmeur en SSII, intègre le groupe Bull en 1975. Elle gravit ensuite tous les échelons avant de se retrouver, à la tête de l’informatique mondiale. Elle a rejoint, il y a un an, la Caisse d’assurance maladie.C’est à une vraie professionnelle de l’informatique, que la CNAMTS(1) a fait appel il y a un an pour mettre en ?”uvre le schéma directeur 2000-2004. Celui-ci doit faire passer le système d’information de l’assurance maladie ?” centré sur la production ?” à une logique de services, basée sur un référentiel unique des ayants droit. Cet établissement public gère annuellement 1,2 milliard de demandes de remboursement, dont 70 % par voie électronique (50 % avec la carte Vitale).A quels défis allez-vous, prioritairement, vous attaquer ?Les assurés souhaitent que les remboursements s’effectuent dans des délais de plus en courts. Nous étudions donc la possibilité d’accélérer les traitements des feuilles de soins, ainsi que la dématérialisation de l’ensemble des documents par les professionnels de santé, auxquels ils pourraient s’adresser de n’importe quel point de l’Hexagone. Par ailleurs, les évolutions réglementaires sont toujours plus nombreuses, avec des temps de mise en ?”uvre toujours plus réduits. Notre système d’information actuel ?” propriétaire et bifilière (Bull/IDS2 et IBM/DB2) ?” s’avère insuffisamment agile pour répondre à ces attentes. Nous allons donc le rendre ouvert et monofilière. Un big bang est exclu, car nous ne pouvons prendre le risque d’interrompre le service aux assurés. Nous sommes donc contraints à une migration par palier et sécurisée.Quel calendrier prévoyez-vous ?Nous testons aujourd’hui le socle technique de la future plate-forme, que nous déploierons l’an prochain, tout en mettant en place en parallèle des applications nouvelles. Depuis février dernier ?” et cela jusqu’au premier trimestre 2003 ?”, la migration des données s’effectue sur une base répartie sous Unix et Oracle. Ce SGBD constitue, en effet, aujourd’hui le seul lien entre les mondes Bull et IBM. Nous procéderons ensuite au portage des programmes jusqu’au premier trimestre 2004, avec des phases de test et de qualification sur trois grands lots. Le référentiel national des ayants droit sera prêt pour le premier trimestre de 2004. C’est seulement entre 2004 et 2006 que nous refondrons nos grandes applications(2). L’urbanisation fonctionnelle est menée dès à présent par la maîtrise d’ouvrage.Tous les choix technologiques sont-ils arrêtés ?Le socle technique a été défini en février. Il s’agit d’utiliser de plus en plus l’open source, parce que la stabilité et la qualité de ces produits n’est plus à démontrer et qu’ils nous permettent de déployer rapidement en réduisant les délais de procédure des marchés publics. Selon les volumes ou la complexité de la chaîne de production, nous opterons pour Linux ou Unix. En matière de SGBD, nous choisirons Informix ou Oracle pour gérer nos données critiques avec une fiabilité de haut niveau, et My SQL ou Progress pour les autres données.Quels gains attendez-vous de cette modernisation ?Aujourd’hui, nous avons deux chaînes de production, validation/qualification, support, et maintenance. Le but est d’arriver à une seule chaîne de traitement standardisée sous Unix. Les gains de productivité attendus sont de l’ordre de 66 %. Le nouveau système d’information devrait nous permettre d’accélérer la mise en place des évolutions réglementaires.Des évolutions de métier sont-elles à prévoir ?Oui. Nous avons engagé des sessions d’information et de formation pour préparer au changement à la fois les informaticiens et les utilisateurs. Il y a eu seize mille jours de formation sur un total de deux mille personnes en 2002. Il faudra assurer la reconversion d’une centaine de programmeurs de l’Assurance maladie en analystes fonctionnels, car nous aurons de plus en plus besoin de ces compétences. Et c’est sur ces profils au c?”ur du métier que se situe la valeur ajoutée maximum de la direction informatique. Nous aurons toujours besoin de compétences techniques traditionnelles, dans un contexte de production de masse, mais aussi de profils liés aux nouvelles technologies.Sur le plan organisationnel, qu’avez-vous changé depuis votre arrivée ?Notre chantier nous oblige à avoir une planification complète des projets. Une cellule transversale de pilotage des projets a donc été mise en place. Composée d’une vingtaine de personnes, elle a été dotée d’outils lui permettant de suivre toutes les demandes de la maîtrise d’ouvrage. Elle organise tous les deux mois une commission de régulation ou d’arbitrage entre les demandes. En outre, des équipes assurance qualité ont été installées dans les directions opérationnelles de la DSI ?” bureau d’études, développement ?” ou les centres de qualification.(1) Caisse nationale de l’Assurance maladie des travailleurs salariés
(2) Trois grands domaines fonctionnels : la production directe (édition et remboursement des feuilles de soins, l’indirecte (outils servant à l’optimisation du travail des services comme l’intranet ou la GED appelée à monter en charge), les applicatifs de gestion interne (comptabilité, paie…) et l’infocentre.

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Christine Peressini