Tout est parti d'une tribune du président de l'Electronic Business Group, François-Henri Pinault
publiée le 8 novembre dans Le Monde. Sans faire l'impasse sur la situation économique, l'entrepreneur y fustigeait " les non-sens qui nient la
réalité ", et ce " chant des pleureuses " dont une certaine presse économique se ferait le relais.
Le président de l'EBG y annonçait son intention " de ne pas abandonner l'espace de l'expression publique " aux mauvais augures.
Le ton était à la mobilisation générale, et les adhérents de l'EBG se sont donc retrouvés hier soir pour resserrer les rangs. Au programme, en préambule du discours de Lionel Jospin, un débat format " Dossiers de
l'écran ".
Chacun des intervenants disposait de trois minutes pour faire part à l'auditoire de son optimisme pour les mois à venir. Un exercice périlleux où, malgré la bonne volonté des participants, l'optimisme était parfois un peu poussif.
Pour l'économiste de marché chez HSBC Antoine Brunet, " nous sommes aujourd'hui dans une récession internationale ", mais grâce aux efforts des autorités, " aux réglages généreux
des banques centrales et au contre-choc pétrolier (...), la reprise peut être attendue pour le second semestre 2002 ".
De son côté, Frédéric Rombaud, d'Apax Partners, opte pour une démonstration emprunte de méthode Coué. " Le capital investissement traverse une crise sans précédent. Beaucoup de fonds investis dans les start-up vont
disparaître. Certains LBO ne permettront pas de retour sur investissements. " Mais il reste des raisons d'espérer. Tout d'abord, " le capital investissement continue. Il en est de même pour la loi de
Moore ". Et enfin, citant le cas de Microsoft, " c'est en période de crise que se créent parfois les plus belles entreprises ".
Plus pragmatique, le responsable de Renault présent sur le plateau confirme que la plate-forme mondiale de B-to-B Covisint est une réalité et que, grâce à elle, le constructeur automobile escompte faire une économie de 300 euros par
voiture à l'horizon 2004.
Restaient les acteurs plus spécifiquement ancrés dans l'activité et le média Internet.
Pour Cyril Zimmermann, fondateur et directeur de la régie publicitaire Hi-Media, " les doutes sont derrière nous ". Et si l'on retrouve moins de start-up parmi les annonceurs, les entreprises
traditionnelles adoptent le média.
Enfin, pour commenter la vie des médias, le directeur général du Monde Interactif (dont la version papier vient de s'arrêter), Bruno Patino, se sentait d'humeur très rock-and-roll. Parler avant le Premier
ministre, " c'est un peu comme faire la première partie des Rolling Stones ", a-t-il indiqué.
Selon lui, la viabilité du modèle payant en matière de presse électronique reste à démontrer, et le Wall Street Journal (souvent cité en exemple dans ce domaine) penserait même créer une zone de gratuité pour
février 2002.
PC