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L’innovation tient dans la force de proposition

L’irruption perturbatrice de nouvelles entreprises, souples et créatives devient la norme à l’échelle mondiale. On ne fera plus machine arrière.

Stop ! Arrêtons de fonctionner sur les modèles surannés d’un ancien régime économique complètement dépassé, où construire rimait mécaniquement avec reproduire. Structures pyramidales, directives hiérarchiques et autres machines à broyer l’initiative n’ont plus de sens. Elles n’ont plus leur place dans l’entreprise. Au diable donc, cette vieille logique d’obéissance, frein désormais à toute velléité d’émergence et de croissance. Cessons aussi de croire que celui qui n’a pas fait Polytechnique ou l’ENA est, en France, un individu en situation d’échec. Diplômé ou pas, patron ou salarié, chacun dans la “boîte”, ouverte au changement, doit être envisagé comme une force de proposition à part entière. Et, pour cela, chacun doit évoluer dans une logique d’autonomie propre à concilier projet d’entreprise et projet personnel. C’est tout à fait possible. La preuve : nombre de jeunes entreprises ont naturellement intégré ces paramètres. Elles proposent un modèle décloisonné et développent, parfois sans le savoir, la tolérance intellectuelle. Celle qui permet de tirer le meilleur parti de l’intelligence. Voilà une nouvelle et nécessaire vertu dans un univers où l’écoute, l’échange et l’exploration donnent naissance à l’innovation.

Des dynamiques imbriquées

L’irruption perturbatrice sur les marchés existants de ces nouvelles entreprises, souples et créatives, est en passe de devenir la norme à l’échelle mondiale. On ne fera plus machine arrière. La globalisation des marchés et la montée des alliances stratégiques, l’émergence de nouveaux pays concurrents sur le plan technologique, l’internationalisation croissante des firmes, l’interpénétration des sciences et des technologies sont autant de phénomènes qui bouleversent notre environnement. Dans ce contexte, le succès des entreprises hyperconcurrentielles est fondé sur une innovation permanente, des cycles raccourcis de conception et de vie des produits.Les plus rapides à innover l’emportent sur les plus grosses. Dans le bon sens du terme, elles manifestent une “agressivité” de tous les instants. Leurs réponses aux attentes des clients sont, elles aussi, en mouvement.Pour faire partie des gagnants, il ne suffit pas dès lors d’exploiter les compétences existantes. Il faut se remettre en question tout le temps et ne pas craindre d’avoir à changer d’option en cours de route. Car cela bouge également très vite tout autour de soi. Or, accepter de travailler ainsi dans l’inconnu, c’est prendre des risques… Pour opérer cette démarche, mieux vaut s’être enquis préalablement des phénomènes et des dynamiques d’innovation. Une compréhension et une maîtrise de l’innovation impliquent, en effet, l’analyse et l’intégration des différentes dynamiques à l’?”uvre, qu’elles soient technologiques, commerciales, industrielles, etc. Le nouveau créateur d’entreprise s’y emploie. À fond. Mais son environnement n’arrive pas toujours à le suivre.L’État, malgré ses promesses de simplification, entretient la complexité et la multiplicité des formalités administratives liées à la création. Il ferme les yeux sur le mal-être financier du jeune créateur, qui, tout juste issu du système scolaire, n’a pas droit au RMI au motif qu’il est actionnaire de sa société. Alors même qu’il s’investit pleinement dans son projet et qu’il n’a pas encore dégagé le moindre centime de bénéfice. Cet État limite aussi la durée du travail à 35 heures en oubliant que faire naître une entreprise suppose de s’y consacrer corps et âme pendant un temps, au moins…Et alors qu’il est de bon ton de déplorer le manque de relations entre les universités et les entreprises, le recours à des stagiaires issus de l’enseignement supérieur fait appel à des processus trop lourds pour être utilisés dans les entreprises nouvelles. À quand l’allégement des modalités des conventions de stage ?Il ne s’agit là que de quelques exemples parmi bien d’autres. Les solutions ne semblent pas insurmontables. Il suffirait de si peu de chose. Pas question d’être fataliste. Mais une force de proposition pour l’innovation, oui.*directeur du Groupe ESC Troyes, directeur de la Technopole de lAube-en-Champagne

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Francis Bécard*