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L’informatique migre lentement vers les délocalisations

Après avoir déchaîné les passions, l’offshore joue la carte de la discrétion. Mais l’engouement pour l’externalisation à l’étranger des services ne se tasse pas.

Le rappel des faits. En 2004, le cabinet de conseil Accenture annonce la création de 5 000 emplois en Inde. IBM souhaite y atteindre le chiffre de 10 000 postes. La société de services informatiques EDS
3 500. La même année, le cabinet Pierre Audoin Consultants publie une étude selon laquelle le marché de la sous-traitance informatique offshore devait toucher 2,5 % à 3 % du marché français contre 1 % en 2002.________________________STMicro supprime 2 000 emplois en Europe. Parallèlement, le semi-conducteur annonce la création de 1500 postes en Asie en 2006. Dans un des centres d’appels de SFR, deux emplois sur cinq sont délocalisés au
Maroc.Après l’industrie, la délocalisation touche massivement les services. En informatique, officiellement, on ne délocalise pas, on externalise. Les deux ne sont pas forcément synonymes. Une entreprise peut décider de sous-traiter une part
de son activité informatique à l’extérieur, chez un prestataire spécialisé comme EDS, IBM ou Accenture. Ce dernier peut se trouver en France, en Europe ou en Asie. Il va là où les coûts sont les plus intéressants.Le secteur informatique français représente 300 000 emplois (dont 71 % de cadres, source APEC). Entre 20 000 et 30 000 postes sont créés par an. Les départs sont presque aussi nombreux. Le solde reste
légèrement positif : +2 340 en 2003, +2 040 en 2004 et une prévision de +5 000 pour 2005.Parmi ces emplois, combien ont été externalisés à l’étranger ? 2,5 % à 3 %, selon le cabinet Pierre Audouin Consultants. Jean-Baptiste Quelquejay, directeur de l’activité outsourcing d’Unilog, estime
pour sa part que seulement 2 % des activités informatiques sont effectivement externalisées, ‘ la proportion d’emploi est à peu près équivalente ‘, ajoute-t-il. Autrement dit,
6 000 emplois seraient concernés.Mais les choses ne sont pas aussi simples. Pendant que le nombre d’emplois dans le secteur informatique augmente de 1 % à 2 % par an en France, la demande du marché croît davantage (+4,4 % en 2004, INSEE). Il faut donc
que le travail soit fait par d’autres. Le rapport de la Commission des finances du Sénat sur la globalisation de l’économie et les délocalisations d’activités et d’emplois rendu en décembre 2004 et publié seulement fin juin
éclaire ce point.Le cabinet d’étude Katalyse, contributeur de l’étude sénatoriale, estime que les délocalisations font peser la menace de pertes pouvant atteindre les 202 000 emplois en France entre 2006 à 2010. Il s’agirait d’une perte sèche
de 90 000 emplois pour le secteur des services aux entreprises (les centres d’appels, par exemple) et de 37 000 emplois pour l’informatique. Presque 8 000 emplois de moins par an pour le secteur informatique !
Autrement dit, près du double de la création nette de postes prévue pour 2005.

Tout ne peut pas être externalisé

Comment expliquer que le secteur informatique français génère deux fois plus d’emplois à l’étranger qu’en France ? ‘ Les technologies informatiques permettent désormais l’établissement de nouvelles
usines tertiaires, du type “usine à comptables” ou “usine à télé-opérateurs” dans une logique de travail à la chaîne, sur des tâches standardisées ‘,
explique Katalyse dans le rapport sénatorial.Un propos que l’on peut étendre à l’informatique, comme l’explique Jean-Baptiste Quelquejay : ‘ ce qui s’externalise bien, ce sont les activités fortement récurrentes, répétitives, qui ne nécessitent que peu
de contacts avec le client. Par exemple, dans le cadre de la maintenance applicative, inutile d’essayer d’externaliser une activité qui ne repose pas sur un produit standard ‘
.‘ Le champ de bonne utilisation de l’offshore s’avère beaucoup plus réduit que prévu ‘, ajoute Jean-Baptiste Quelquejay. En fait, pour les applications complexes, l’externalisation génère
davantage d’overhead management, c’est-à-dire que l’on trouve davantage d’informaticiens en amont, à l’échelon du donneur d’ordre pour faire exécuter les tâches externalisées. Un phénomène qui explique pour partie que les
emplois du secteur de l’informatique continue de progresser en France bien que l’on assiste à plus de délocalisation.(*) Nous avons extrait de nos archives quelques annonces tonitruantes, promesses solennelles et autres sujets ayant fait la une de l’actualité ces derniers mois. Les engagements ont-ils été tenus, les résultats prédits
obtenus ? Rendez-vous tous les vendredis durant l’été pour un retour sur l’actualité.

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David Prud'homme