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Libérer les chercheurs du carcan public

La loi sur l’innovation qui permet aux chercheurs publics de s’engager dans le privé favorise les start up de haute technologie.

Les fonctionnaires chercheurs n’ont pas attendu la loi pour devenir des entrepreneurs”, précise Laurent Kott, délégué général au transfert technologique de l’Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique). “A cet effet, je n’exclus pas que des organismes publics aient prêté leurs locaux aux fonctionnaires désireux de tester leur affaire, ajoute-t-il. Je dis simplement que la loi a fait tomber un tabou et qu’elle a permis aux esprits attirés par l’aventure du privé de concrétiser financièrement leur savoir.”Plus précisément, qu’apporte la loi ? Tout d’abord, elle officialise la possibilité pour les fonctionnaires chercheurs – enseignants ou non – de devenir créateurs, gérants et actionnaires d’une société, ou conseillers techniques. Et surtout, en cas d’échec, de pouvoir réintégrer leur poste de fonctionnaire. “Je ne souhaitais pas devenir patron”, commente Serge Abiteboul, chercheur à l’Inria et cofondateur de Xyleme, société qui surveille, récupère et intègre des informations XML provenant du web. “C’est pour cela que j’ai préféré devenir conseiller scientifique, sans responsabilité de manager. En revanche, ma collègue cofondatrice, également fonctionnaire à l’Inria, a préféré saisir les rênes patronales – et donc suspendre son activité de chercheur.”Avantage : la mesure permet désormais de conserver son régime de retraite fonction publique, véritable filet de sécurité. De plus, en cas d’échec, le chercheur peut retrouver son poste d’origine. Or, d’après Catherine Sarton, de l’Anvar (Agence nationale pour la valorisation de la recherche), “le confort psychologique procuré par la loi incite certainement à faire le grand saut”. Ensuite, la loi entend favoriser, au sein des universités et organismes de recherche, l’émergence d’interfaces d’accompagnement, connectées au tissu des entreprises. A savoir les fameux incubateurs, qui sont, d’après Hugues Brunet, président de Lorasi, agence de conseil en communication et en échange d’information, “de bons cadres, même s’il leur manque parfois l’approche marketing, juridique et financière, éminemment salutaire aux porteurs de projet. On peut, conclut ce juriste de formation, être bon scientifique et ne pas avoir la fibre marketing ou commerciale…”

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Lionel Bruel