Formidable espace de communication, l’intranet d’entreprise ne pouvait laisser indifférents les syndicats. La création d’un site interne dédié démultiplie l’expression syndicale, jusqu’alors restreinte aux panneaux d’affichage et aux tracts distribués aux heures d’entrée et de sortie du personnel. Si aucune disposition juridique ne contraint un employeur à ouvrir son intranet aux organisations syndicales, une trentaine d’entreprises ?” Atos Origin, Technip, France Télécom, etc. ?” ont accepté de jouer le jeu. En une dizaine de pages, les accords passent en revue les ressources informatiques mises à disposition, la capacité d’hébergement ou les règles de messagerie.
Une liberté encore restreinte
Appliquées depuis la fin 2000, les premières chartes ont le mérite d’avoir ouvert la voie. Dans la pratique, elles sont plutôt restrictives. Limité en taille (30 Mo) et dépourvu de fioritures ?” vidéos et forums sont proscrits ?”, l’espace syndical prévu par l’accord Renault est assimilé à un panneau d’affichage virtuel. L’interactivité ne fonctionne que dans un sens : un salarié peut adresser un courrier électronique à un syndicat, mais celui-ci ne peut y répondre. “Il s’agit de ne pas encombrer le réseau, se défend Jean-Christophe Sciberras, chef du département des relations sociales de Renault. D’une réponse individuelle, on peut vite glisser à un envoi collectif.” En revanche, le constructeur automobile a mis un renvoi sur la page d’accueil de son intranet fédérateur. Ce qui assure des fréquentations correctes aux syndicats signataires, la CFDT revendiquant entre 250 et 400 connexions par jour pour 23 000 accès.Plus récent, l’accord Steria n’a pas non plus fait l’unanimité. La CGT a refusé de le ratifier en février. “Il ne prend pas en compte les spécificités d’une SSII, accuse Hocine Chemlal, son délégué syndical. 80 % des salariés de Steria travaillent à l’extérieur et ne peuvent accéder à l’intranet. Nous préconisons donc l’envoi d’e-mails en nombre en s’accordant sur les modalités : diffusion en début ou en fin de journée, ajout ou non d’une pièce jointe, possibilité de se désinscrire…”C’est le parti pris de Vivendi Universal. Bannis de l’intranet, les syndicats accèdent librement, en revanche, à la messagerie. L’envoi en nombre est toléré, l’accord imposant seulement une fréquence et un volume d’envois “raisonnables”. Chaque courrier doit répondre à un modèle type : “La CGT ou la CFDT communique” en objet, et le document en fichier joint. “Libre au destinataire de le lire ou non, comme il le ferait d’un tract”, avance Jean-François Colin, directeur général adjoint de Vivendi Universal, en charge des politiques sociales.Faute d’obtenir gain de cause, les syndicats peuvent toujours ?” à l’image de la CGT Steria ?” se rabattre sur internet et créer leur site web. Dégagé de toute tutelle, son contenu est néanmoins soumis à la loi de la presse du 29 juillet 1881 ?” délits de diffamation, d’injure, etc. La lutte finale numérique ne fait que commencer…
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