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Les SSII indiennes sont les championnes de la qualité mais manquent de flexibilité

Les sociétés de services indiennes appliquent parfois avec trop de zèle des niveaux de CMM élevés. Leur pragmatisme devrait cependant les faire progresser rapidement.

“Théoriquement, le haut niveau de maturité des SSII indiennes est justifié. Dans la pratique, elles présentent d’autres problèmes, dont un manque de réactivité sur les changements de spécifications, un turnover élevé et une application du CMM parfois trop stricte.” Annie Combelles, vice-présidente de Q-Labs et spécialiste du modèle CMM (Capability Maturity Model) revient très critique d’un voyage de reconnaissance effectué en Inde.Parmi les travers constatés, on note, par exemple, qu’une société de niveau 4 ?” niveau basé sur le contrôle statistique des projets ?” peut pousser le zèle jusqu’à noyer ses contractants sous les indicateurs et les tableaux de bord. Techniquement, le prestataire respecte son niveau 4, mais l’efficacité face au client reste à prouver. D’une manière générale, le zèle à appliquer le modèle et le manque de réactivité qui s’ensuit sont en cause. Annie Combelles estime donc bien plus pertinent d’utiliser les forces indiennes dans le cadre de contrats de maintenance ?” supposant de la discipline ?” ou dans celui de projets de type “gestion”, à temps de cycle longs.

Les différences tarifaires s’amenuisent

Pour Jean-Noël Martin, PDG d’Alitec, une SSII lavalloise évaluée CMM 4 et travaillant avec des prestataires indiens, réussir un projet offshore suppose “un donneur d’ordres et une société de services matures “. L’archétype du scénario gagnant mettrait en scène une société CMM 3 française ayant une très bonne expérience des prestations au forfait et maîtrisant l’évaluation de ses sous-traitants. A l’issue des différents projets, un bilan serait établi avec le prestataire, suivi d’un plan d’amélioration. “Au bout de trois ans, évalue Jean-Noël Martin, le donneur d’ordres dépense moins d’argent avec un prestataire indien qu’avec un Français. Et il bénéficie à plein temps de la productivité et des coûts indiens.”“La différence entre la France et l’Inde tient aujourd’hui davantage à la productivité [conférée par le CMM ?” NDLR] qu’à la variation des coûts salariaux “, affirme Jean-Noël Martin. Seul le tiers de l’avantage du prix s’expliquerait aujourd’hui par la différence des coûts salariaux, contre 64 % en 1997. “Les salaires augmentent régulièrement en Inde. Et, dans dix ans, l’écart sera négligeable. Mais, à ce moment-là, c’est l’efficacité des SSII indiennes qui constituera leur atout face aux européennes. Et celles-ci pourraient être obligées de se repositionner sur la régie, l’intégration de services ou l’hébergement d’applications.” Si certaines incompréhensions culturelles demeurent, les SSII indiennes corrigent le tir pour s’adapter à des projets plus réactifs. Tata Consulting envoie ses ingénieurs en France pour travailler sur les spécifications. D’autres proposent des compagnies françaises pour faire l’interface entre client et prestataire. Bref, l’adaptation de l’offre à la France est en cours, même si c’est un vieux serpent de mer.

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Philippe Billard