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Les squatters au Palais

C’était presque une figure imposée: en lançant, en février, l’idée d’une vaste manifestation sur les squats d’artistes, le Palais de Tokyo s’exposait à l’ire des réfractaires…

C’était presque une figure imposée: en lançant, en février, l’idée d’une vaste manifestation sur les squats d’artistes, le Palais de Tokyo s’exposait à l’ire des réfractaires au coup de projecteur, purs et durs de la marginalité. N’en déplaise au collectif Alternation, fer de lance de la contestation sur le net (textes édifiants sur http://perso.wanadoo.fr/alternation2119), le festival “Art et Squat” aura bien lieu, du 10 septembre au 2 octobre.Une vingtaine de squats parisiens (soit presque tous) ont répondu favorablement à l’appel, apaisés par la teneur du projet: “Le Palais de Tokyo n’expose aucune ?”uvre, précise le conservateur Marc Sanchez, mais se contente d’inciter son public à fréquenter les squats, à partir à la rencontre d’artistes qui vivent leur travail dans l’incertitude et la précarité.” Seul un “Espace de résonances” est prévu au Palais, présentant des documents d’archives sur les squats, ainsi qu’une mini exposition autour d’ArtCloche, un mouvement artistique reconnu comme l’initiateur des squats d’artistes en France, au début des années 1980.En complément, une série de films et débats (Histoire des squats, le 14 septembre à 19 heures; Vie quotidienne dans les squats, le 21; Utopie et politique, le 28). Un site dédié, www.artetsquats.com, propose une base de données sur les squats français et mondiaux et le programme complet des manifestations organisées par les squats parties prenantes. Car c’est dans ces hangars, restaurants ou usines désaffectés, au sein des squats eux-mêmes, que le spectateur est invité à découvrir les travaux des artistes. Le Palais de Tokyo ne s’est autorisé aucun droit de regard sur la programmation : le pire et le meilleur devraient donc être au rendez-vous.

En prise directe avec la société

Peut-on espérer découvrir une esthétique commune aux squatters? Pour Fabrice Lextrait, auteur d’un récent rapport ministériel intitulé “Friches, laboratoires, fabriques, squats, projets pluridisciplinaires… une nouvelle époque de l’action culturelle” (à télécharger sur www.culture.gouv.fr, cliquer sur Actualités, puis sur Rapport), “les expériences sont d’une extrême diversité”, et les vrais points communs sont plus à chercher dans “une prise directe avec la société, le réel […] des espaces de réinvention du social […], de nouveaux rapports avec les populations”, que dans une singularité artistique. Magellan, artiste d’Art Cloche, n’est pas de cet avis: “L’esthétique des squats est une esthétique socio-artistique, elle utilise comme support le lieu qu’elle investit. Le risque d’expulsion crée un sentiment d’urgence et de laisser-aller qui s’applique à certaines ?”uvres construites à la hâte pour servir de trajet d’occupation ; elles n’ont qu’un usage symbolique, celui de baliser l’espace comme des signalétiques.”Pour vous faire votre idée, consultez les ?”rares?” sites de squats: www.boliveart.fr.fm (le plus complet) ou encore http://mapage.noos.fr/lperet000v (le site d’ “Une galette dans l’art”) et http://theatredefortune.free.fr, l’un des rares squats programmant du théâtre.

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Sophie Janvier-Godat