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Les sables oubliés

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes et ce Prince of Persia version 2010 renoue avec les mécanismes d’antan. Le risque, pour les amateurs de la toute première heure, c’est d’y trouver des airs de déjà-vu.

C’est un retour aux sources assumé pour ce nouvel épisode de Prince of Persia, au moment où le film éponyme, une première, sort sur les écrans français. Car cet épisode, intitulé Les Sables Oubliés, a des airs des Sables du Temps, le titre de 2003 considéré comme l’un des meilleurs… Ici, comme dans le précédent opus, le sable s’est répandu sur le palais du Prince de Perse, tel un souffle maléfique, figeant à jamais les gardes dans des positions qui rappellent la catastrophe de Pompéi. La comparaison entre les deux titres ne s’arrête pas seulement là : les concepteurs ont renoué avec les mécanismes alambiqués et engrenages complexes, synonymes d’énigmes bien senties. Tant mieux, puisque celles-ci manquaient cruellement à l’épisode précédent.Ainsi, le Prince doit évoluer dans son palais parallèlement à son frère Malik et, jeu de plate-forme oblige (la licence reste un des meilleurs ambassadeurs du genre), il court sur les murs, s’agrippe aux crevasses, rebondit de pilier en pilier, se jette d’une corniche pour atterrir sur une poutre, etc. Le tout à travers des décors qui ne manquent pas d’allure : chambre royale, observatoire, égouts, salle du trône, terrasse, jardins, aqueduc… Là aussi, la variété qui manquait à l’opus précédent réapparaît. Dommage, au passage, que le graphisme aux airs de bande dessinée (en cell-shading) n’ait pas été reconduit.

La nature sous contrôle

Quoi qu’il en soit, deux trouvailles de taille, directement liées aux pouvoirs du Prince, permettent de varier les plaisirs tout en ouvrant quelques perspectives d’énigmes. Premièrement, la possibilité de geler l’eau. Une eau particulièrement présente sous diverses formes : murs d’eau, jets d’eau, cascades peuvent ainsi, après solidification, faire office de murs de soutien, de barres d’appui ou de piliers sur lesquels s’accrocher. Plus compliqué parfois qu’il n’y paraît : le débit d’eau variant d’un jet à l’autre, il n’est pas rare de devoir sauter d’un premier à un second en effectuant une opération de dégel-regel en une fraction de seconde. Une dextérité requise également pour la seconde trouvaille du titre, qui arrive hélas tardivement : la possibilité de reconstituer le décor, élément par élément. Pas n’importe comment évidemment. En effet, comme pour la solidification de l’eau, la reconstitution d’un élément annule la précédente…Côté combats, et ça n’est clairement pas l’essentiel du titre, le bilan est un peu moins flatteur. Si on peut se réjouir que les assaillants se révèlent un peu plus nombreux que dans l’épisode précédent, ce qui assure quelques lut tes et affrontements acharnés, on regrette un système de combat qui ne brille pas par son originalité car trop basique et trop classique. D’autant que les capacités magiques du Prince, qui tournent autour du gel, du feu, du vent, et qui lui permettent de se protéger momentanément avec une armure de pierre, peinent également un tantinet à convaincre. Clairement, on attendait mieux.

Seconde chance

Enfin, il est à noter que le Prince dispose du pouvoir de remonter le temps ; celui-ci ne servira pas à résoudre des énigmes mais à s’offrir une deuxième chance, voire une troisième, si l’on rate un point d’appui et que l’on tombe dans le vide. Cela évite de recommencer une séquence à partir du point de contrôle précédent. Cette fonction est toutefois soumise à la capacité d’énergie que l’on aura en réserve. Si l’on n’en a plus, impossible de remonter le temps, et on meurt.Au final, si cet épisode-là est un bon jeu, notamment côté plate-forme, il reste quand même sans surprise. Les habitués de la série risquent de n’y voir qu’un bon recyclage. Pour les autres, le titre reste une assez bonne occasion de découvrir son univers. Alors, pourquoi pas ?L’avis de la rédaction
On aime

Les énigmes bien vues, la caméra bien conçue, les possibilités de geler l’eau et de reconstruire l’environnement, une certaine variété de décors.
On n’aime pas
Les combats sans saveur, quelques bugs.
Mention bien
A partir de 16 ans

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Hervé Cabibbo