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Les radios du Net contraintes à des royalties

Les experts réunis par le Copyright Office demandent que les e-radios versent une taxe de 0,14 cent par musique et par auditeur. Les diffuseurs ne sont bien sûr pas d’accord.

Les diffuseurs américains de radios sur Internet savent ce qu’ils devront verser aux maisons de disques pour utiliser leurs musiques : 0,14 cent par chanson et par auditeur. Les radios traditionnelles ayant une présence sur le Net se contenteront, elles, d’un 0,07 cent. C’est ce que recommande le Copyright Arbitration Royalty Panel (Carp), petit groupe d’experts nommés par le US Copyright Office, qui fixe les taux des droits d’auteurs.Le Carp s’est réuni pendant plusieurs mois et a écouté les acteurs de la profession. Les représentants des maisons de disques, partisans d’une forte rétribution pour les créateurs. Et les pionniers d’internet qui eux, à l’inverse, désirent payer le moins cher possible, car leurs finances sont déjà en piteux état. Finalement, le Carp a proposé un compromis très apprécié par les maisons de disques.“Cela confirme que la musique et la communauté qui la crée ont une véritable valeur, s’est félicité John Simson, au nom de la RIAA (Recording Industry Association of America). Les artistes et les compagnies ont travaillé main dans la main pour obtenir ces droits tout à fait justifiés.”Du côté des payeurs, l’humeur est des plus sombres. Les taux proposés par le Carp sont dix fois supérieurs à ce que les diffuseurs espéraient. John Jeffrey, pour Live 365, a calculé le coût pour sa station en janvier. Avec 15 chansons par heure et 6,5 millions d’heures diffusées, cela représente un surcoût de 150 000 dollars (180 000 euros) par mois, sans compter les royalties rétroactives dues… depuis 1998.

Un accueil plus que mitigé

La profession naissante, forte de quelque 5 000 radios ?” grandes stations et pure players ?”, ne peut payer de telles sommes. ” Cela va mettre en faillite les jeunes entrepreneurs “, juge l’avocat Owen Seitel, expert du cabinet californien Idell Berman Seitel. Seules les majors, les grands conglomérats, réunissant maison de disques et radios, pourront financer ces droits.Les indépendants n’en auront pas les moyens. Car il leur faut déjà payer le coût de la diffusion sur le net, qui croît avec chaque nouvel auditeur. Ensuite, les entrepreneurs en herbe espéraient maintenir une écoute gratuite de la musique et gagner leur vie grâce à la publicité… Mais cette source de revenus s’est réduite. Les pionniers de l’e-radio n’ont donc pas les moyens de rétribuer généreusement les auteurs. Et accueillent d’autant plus froidement ces recommandations.” C’est une totale capitulation face aux demandes de la RIAA, dit ainsi Kevin Shively de Beethoven.com. Cela éradique toute possibilité d’un futur profitable pour nous. “ Et David Frerichs, fondateur d’Imnetworks, de dresser un parallèle avec les radios traditionnelles. ” Si des taux similaires avaient été imposés aux premiers jours de la radio, le marché actuel de vingt milliards de dollars n’existerait pas. “ À l’époque, renchérit Owen Seitel, ” les maisons de disque n’étaient pas si puissantes, ou bien elles n’ont pas compris l’importance que prendrait la radio “. Peu importe, aucune royaltie n’a été imposée. Et l’industrie s’est épanouie.Les diffuseurs sur Internet aimeraient bénéficier de ces largesses. “L’audience augmente. De 125 % depuis le début de l’année, souligne Sven Haarhoff, porte-parole de Measure Cast, société de conseil, qui mesure les progrès des uns et des autres auprès du public. De plus en plus d’internautes se branchent : l’auditeur du New Jersey ira écouter sur la toile son folklore somalien préféré. Et le New-yorkais amateur de hard rock s’en ira en Alaska surfer sur la station de ses rêves.” Mais les rentrées financières des radios (publicité ou abonnements) ne sont pas suffisantes pour payer d’énormes droits d’auteur. Contre toute attente, les diffuseurs indépendants espèrent pouvoir encore faire fléchir le Copyright Office, pour qu’il ne suive pas son panel d’experts. “Nous allons nous unir, grandes radios traditionnelles et petites start- up, pour nous faire entendre”, explique Sven Haarhoff. Tandis qu’Edward T. Hardy, patron de Measure Cast, souligne le risque encouru : “Le Copyright Office doit se montrer réaliste. Pousser les diffuseurs à la faillite n’apportera aucun dollar dans les coffres des auteurs.”

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Caroline Talbot, à New York