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Les points noirs du traitement des déchets électroniques

Le 15 novembre prochain, la filière du traitement des appareils électroniques en fin de vie sera opérationnelle. Enfin presque. Explications.

Pendant deux jours (7 et 8 novembre), à Paris, se tient la 3e édition du colloque ‘ Filières et recyclage ‘. Cette manifestation a été l’occasion pour le ministère de l’Ecologie
et du Développement durable de faire le point sur la mise en place de la filière de traitement des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) à une semaine de son démarrage. Officiellement, d’un bout à l’autre de la chaîne,
‘ tout est complètement opérationnel ‘, assure Daniel Béguin, directeur déchets et sols pour l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).Pour les consommateurs, cette mesure sera visible dès le 15 novembre prochain, à travers un système de double étiquetage des produits électroniques (téléphones, ordinateurs, baladeurs, etc.). D’un côté les prix traditionnels, de
l’autre l’éco-contribution payée par le consommateur en vue de financer le retraitement des appareils. Par ailleurs, dans le cadre du ‘ un pour un ‘, les distributeurs auront pour obligation de
reprendre gratuitement un appareil obsolète pour tout achat d’un équipement neuf équivalent. ‘ Un consommateur pourra rapporter son ordinateur pour l’achat d’un portable ou un magnétoscope pour l’achat d’un lecteur
DVD ‘,
affine Sarah Martin, ingénieur chargée des DEEE à l’Ademe.Pourtant, certains professionnels de la vente à distance se font tirer l’oreille. Plusieurs sites de commerce en ligne, par exemple, expliquent qu’ils sont prêts à reprendre les appareils électriques usagés… à condition que leurs
clients les leur rapportent dans leurs entrepôts. Pas facile à faire quand vous commandez depuis le nord de la France sur un site d’e-commerce basé dans le Sud-Ouest.

Le commerce à distance, un vrai problème

Néanmoins, Hervé Vanlaer, sous-directeur des produits et des déchets au ministère de l’Ecologie et du Développement durable, insiste : ‘ Il n’y a pas d’exception. Les sites de commerce électronique ont les
mêmes obligations que les autres distributeurs. ‘
Certes, mais si ‘ l’application de la directive européenne les oblige à reprendre les déchets, rien ne précise qu’ils doivent le faire depuis le
domicile du client ‘,
complète Daniel Béguin. Par conséquent, rien n’oblige un commerçant à distance d’organiser le retour des produits électroniques obsolètes. Et s’il le fait, il peut légitimement facturer le transport à
son client.Ceux qui disposent de points retrait pourraient les utiliser pour la reprise du matériel. Mais si rien n’est prévu, le consommateur sera contraint de rapporter son matériel à la déchetterie la plus proche. Une expérimentation menée
pendant dix-huit mois dans la communauté urbaine de Nantes a permis de constater que 48 % des déchets électroniques effectivement retraités étaient repris par les professionnels de la distribution, alors que 45 % ont été ramenés en
déchetterie (le solde provenant d’une opération de collecte mise en place par Emmaüs).Selon les projections du gouvernement, les collectes devraient se répartir de la même manière sur toute la France. Reste que les déchetteries ne sont, à de rares exceptions près, pas prêtes à traiter ces déchets pas comme les autres. Ce
sont aux collectivités locales d’aménager ces lieux de collecte des ordures ménagères, et ce, sur la base du volontariat.

Un nouvel organisme coordinateur

Pour accélérer la création de la filière, un organisme coordinateur a été créé par décret le 22 septembre dernier. Baptisé OCAD3E, il a pour mission de verser des aides ?” provenant de l’Etat ?” aux communes qui
équiperont leurs déchetteries pour recevoir le matériel électrique.Enfin, un effort reste encore à faire pour sensibiliser les producteurs (distributeurs et importateurs) ainsi que les consommateurs au problème des déchets électroniques. Il n’est pas rare aujourd’hui d’entendre un marchand signifier à
son client que l’achat d’un nouvel appareil photo numérique par exemple, lui coûtera moins cher qu’une réparation. Pourtant, il fut un temps question d’établir une norme sur ‘ la durée de vie prévisible des
produits ‘.
Elle aurait permis aux consommateurs de savoir combien de temps un article pouvait durer et dans quelle mesure il était réparable ou non.Enfin, aucune campagne de sensibilisation des consommateurs au problème du traitement des déchets n’est prévu par l’Etat. ‘ Ce n’est pas aux pouvoirs publics de se substituer aux
producteurs ‘,
a-t-on expliqué lors de ce colloque. L’éducation des utilisateurs est une mission des éco-organismes. A une semaine du lancement opérationnel de la filière, force est de constater qu’aucune campagne n’a été
initiée.

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Hélène Puel