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Les incubateurs américains ne font plus recette

Selon les observateurs, la moitié des accompagnateurs centrés sur internet seront amenés à disparaître.

Erreurs, revers boursiers, sélectivité des capital-risqueurs. Ce triptyque pourrait remettre en question le modèle des incubateurs américains et entraîner l’Europe dans son sillage. Il y a quelques mois déjà, Interval Research, l’un des plus anciens et des plus fameux incubateurs de la Silicon Valley, se faisait débrancher par son célèbre commanditaire, Paul Allen, le cofondateur de Microsoft. Son bilan est assez désastreux : une poignée de start up, dont aucune n’a dépassé le stade de la confidentialité, et plusieurs centaines de millions de dollars engloutis. Pour Paul Safo, président de l’Institut for the Future à Menlo Park, la raison de cet échec s’explique par “la politique de la tour d’ivoire“. Un syndrome qui voit le secret érigé comme mode de gestion pour éviter le pillage qu’a subi le fameux Xerox Parc de Palo Alto.

Prise de conscience générale dès 1999

Dans le monde des incubateurs, internet a changé la donne. Dans un premier temps, il en a catalysé le nombre, puisque, selon la NBIA (National Business Incubator Association), de douze en 1980, ils sont passés à près de huit cents aujourd’hui aux Etats-Unis. Cependant, dès 1999, la fermeture d’Interval marquait une première prise de conscience, sinon un renversement de tendance. Depuis, des dizaines d’autres incubateurs ont fermé leurs portes. Au point que certains parlent maintenant d’incinérateurs. Voilà quelques semaines, Bill Gross, qui, en 1995, avait donné ses lettres de noblesse aux incubateurs de dotcom, annulait précipitamment son entrée en Bourse. La valorisation de son portefeuille de compagnies B to C cotées à la belle époque de la vague internet a fondu comme neige au soleil. Dans les jours suivants, Guy Kawasaki, le fondateur du fameux The Garage. com, faisait, lui aussi, savoir qu’il retardait son introduction en Bourse.Quant aux incubateurs déjà cotés, ils ont aussi vu le cours de leurs actions chuter. C’est le cas de Softbank, d’Internet Capital ou de CMGI, ce dernier ajournant discrètement son installation en Europe. Plusieurs observateurs prédisent que, d’ici à moins d’un an, la moitié des incubateurs dans le secteur internet auront disparu. Le modèle qui semblait idéal, mis en place par Bill Gross avec Idealab, n’est justement pas un modèle. Et d’aucuns se posent maintenant la question de leur utilité. Même si, sur les cinquante-cinq compagnies que Bill Gross a accompagnées, cinquante sont encore en activité.

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Alain Baritault