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Les gris-gris sont encore à l’honneur

Qui n’a vu, dans les films ou les reportages, des guerriers primitifs peindre certaines parties de leur corps, porter des masques ou autres parures censées leur…

Qui n’a vu, dans les films ou les reportages, des guerriers primitifs peindre certaines parties de leur corps, porter des masques ou autres parures censées leur procurer force et invincibilité ? D’autres individus se promènent avec une dent ou une patte d’animal pour écarter les mauvais esprits.Une croyance dans des pouvoirs secrets, que l’on retrouve chez nous. En effet, on voit parfois, dans les magazines, des pages de publicité pour une pierre ou un anneau, ou encore un collier, présentés comme favorisant la chance ou écartant les maladies. Ces gris-gris font sourire les esprits rationnels. Et pourtant… ces pratiques existent également dans le monde de la haute technologie. Mais les gris-gris en question sont alors d’ordre plus intellectuel.Prenons les noms de société ou de produit. La grande mode est de mettre une majuscule au milieu du mot. Apparemment, certains pensent que la présence intempestive de cette capitale va plaire à quelque divinité tutélaire, qui, en retour, les favorisera. Selon cette manie, l’éditeur de Windows devrait s’appeler MicroSoft. Or, même avec un “s” minuscule dans son nom, la société a fait la fortune que l’on connaît. Elle n’a pas eu besoin de la protection des dieux du marketing.Autre pratique : mettre un @ dans un nom. Là encore, affleure la croyance dans le pouvoir mystérieux de certains sigles cabalistiques, censés maîtriser des forces invisibles ?” en l’occurrence, montrer que l’on est dans la mouvance internet, et donc dans le coup.Dernier exemple : mettre un point (pardon, “dot” en bon franglais) en fin de nom et ajouter “com”. C’est le cas de la société NET, qui eut son heure de gloire au temps du multiplexage temporel, puis des premiers pas de lATM, et qui a un peu disparu. Elle pense se refaire une jeunesse en devenant Net.com. Le recours à un nom qui se veut à la mode ressemble à une supplique pour que le ciel redevienne favorable. Un peu comme certains rituels pour faire tomber la pluie ou chasser une épidémie.Les gris-gris changent avec le temps, mais ne disparaissent pas : ils ont la vie dure.

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Jean-Pierre Soulès