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Les grands reptiles du passé reconstitués de la tête aux pieds

Pour comprendre le fonctionnement des organes des dinosaures, les paléontologues font appel aux ressources de la simulation. Afin de reconstruire dans le détail chaque partie de leur squelette.

Le crâne dur des prédateurs

Scanner le crâne de Sue, le plus grand T. Rex jamais retrouvé, a demandé 500 heures et produit plus de 700 images numériques. A partir de ces images, le paléontologue Chris Brochu a recréé en 3D l’intérieur du crâne et le cerveau. D’après la forme de la cavité, il estime que celui-ci devait mesurer à peine 30 centimètres de long et ressembler à un brocoli. De plus, le T. Rex devait avoir un odorat très développé car les parties de son cerveau correspondant à ce sens apparaissent disproportionnées. C’est également grâce à un programme de simulation qu’Emily Rayfield, paléontologue à l’université de Cambridge, s’est fait une idée de la technique de chasse des allosaures. En appliquant la méthode des éléments finis, la chercheuse a établi que le crâne pouvait résister à des chocs violents, équivalents à un poids de 60 kg tombant d’une dizaine de mètres. De telles simulations requièrent environ 2 heures 30 de calculs sur SunSparc, une station de travail équipée d’un gigaoctet de mémoire. Conclusion : les allosaures, qui avaient, malgré leur taille, des mâchoires peu puissantes, devaient d’abord assommer leurs proies à coup de tête avant de pouvoir les déchiqueter.

Le long cou de l’herbivore

DinoMorph est un logiciel qui permet d’animer virtuellement le squelette d’un dinosaure, sur un calculateur de type Sun ou Silicon Graphics. Il a permis à l’informaticien Kent Stevens et au paléontologue Michael Parrish de démontrer, il y a quelques années, que le cou des diplodocus, long d’environ 10 mètres, devait être raide et peu mobile. En alimentant leur logiciel de mesures récoltées sur de nombreux fossiles et en simulant tous les mouvements possibles du cou, ils ont montré que cet imposant dinosaure ne pouvait le relever de plus de 4 mètres. Une conclusion contestée depuis par d’autres scientifiques, qui affirment que, si l’on tient compte du cartilage entre chaque vertèbre, le cou retrouve sa mobilité. Un débat de fond que l’ordinateur n’est pas encore en mesure de trancher.

Le cri du dinosaure à grande crête

Aubaine pour Thomas Williamson, du Museum d’histoire naturelle du Nouveau Mexique : la découverte d’un crâne de parasaurolophus, accompagné de la grande crête qui ornait la tête de l’animal. Le tout en bon état. il décide alors de numériser le fossile. C’est en effet la seule façon de comprendre sa structure interne sans le casser. Grâce à une panoplie de puissants calculateurs, il reconstruit un modèle en 3D de la crête et de ses passages internes complexes. Le chercheur peut alors calculer la fréquence des ondes capables de se propager dans une telle caisse de résonance. Enfin, en soufflant virtuellement de l’air dans les passages, il reproduit les sons graves que devait émettre le parasaurolophus pour communiquer à travers les jungles épaisses où il vivait.

La marche du saurien volant

Outre les os, les dinosaures ont laissé des empreintes. Les chercheurs en tirent aujourd’hui des conclusions sur la façon dont se déplaçaient ces animaux. Ainsi, Jean-Michel Mazin, du laboratoire de géobiologie de l’université de Poitiers, a pu prouver, grâce à des empreintes de ptérosaures retrouvées sur le site de Crayssac, dans le Lot, comment ces reptiles volants marchaient lorsqu’ils étaient au sol. En utilisant d’abord Corel Draw, puis un logiciel de modélisation et d’animation plus évolué (LightWave), il a recréé un ptérosaure en 3D sur son PC. Dans un second temps, il a incorporé dans le programme le profil des empreintes trouvées à Crayssac. Conclusion : en recoupant toutes ces données, on a pu établir que le ptérosaure marchait effectivement à quatre pattes.

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Isabelle Boucq