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Les grands comptes embauchent l’opérateur sans réseau Vanco

La société britannique séduit de plus en plus d’entreprises. Elle promet coûts réduits et meilleure qualité de service.

Le concept a fini par s’imposer. Et c’est en Vanco que le modèle d’opérateur virtuel a trouvé son champion. L’idée est simple : éviter de déployer des réseaux de fibre optique et utiliser les infrastructures
existantes en proposant ses propres services.Aujourd’hui, même si les contrats se cantonnent aux réseaux de données, ce type d’acteur constitue une véritable alternative. Résultat : les clients de l’opérateur britannique comptent parmi les plus grandes
sociétés. Essilor et Gemplus sont les dernières entreprises françaises à avoir opté, cet été, pour Vanco.Essilor souhaitait faire migrer son réseau Frame Relay vers un réseau
IPSec.
‘ Nous voulions un opérateur capable de nous fournir une solution globale et de déployer l’Internet public sur une grande partie de nos sites afin
de bénéficier des avantages apportés par IPSec en termes de coûts ‘
, explique Didier Lambert, DSI d’Essilor. Après une phase pilote de six mois ?” en Asie et en Europe notamment ?”, le spécialiste
mondial du verre correcteur est convaincu par la réponse de Vanco. Le déploiement démarre avec une solution reposant sur un réseau privé virtuel (RPV) IPSec, auquel sont reliés des accès ADSL pour connecter une centaine de sites dans une trentaine
de pays.Les besoins de Gemplus étaient à peu près similaires. Le spécialiste de la carte à puce avait un réseau international très disparate, où chaque site choisissait son accès Internet auprès de fournisseurs locaux.
‘ Cela nous posait des problèmes de gestion des contrats et nous coûtait très cher. Nous ne voulions plus voir qu’une seule tête pour notre réseau
MPLS
à haut-débit et nos accès RPV IPSec ‘, explique Arnaud Gut, Program Manager chez Gemplus.Pour remettre à plat le réseau, une consultation est menée auprès de BT/Infonet, MCI, Equant AT&T et Vanco. C’est finalement ce dernier que choisit Gemplus. Reconnu pour ses tarifs attrayants, cet opérateur sans
infrastructure apparaît aussi comme un prestataire très innovant en matière de design d’architecture de réseaux. ‘ En termes de prix, tous se tenaient dans un mouchoir de poche. Mais Vanco s’est montré plus
inventif dans les architectures proposées ‘
, dit Arnaud Gut. Par la suite, d’autres critères ont confirmé le choix de l’opérateur. Ainsi, la moitié des sites à peine déployée, quelques incidents sont survenus.
‘ Nous avons constaté des problèmes d’accès à Internet ou de configuration de routeurs, continue-t-il. Mais nous avons obtenu une réponse quasi-immédiate et ces complications se sont levées très
rapidement. ‘
Aujourd’hui, l’idée de choisir un opérateur ne possédant pas son infrastructure n’effraie plus les utilisateurs interrogés. Pour ces derniers, l’opérateur virtuel offre les mêmes garanties de contrat de
niveau de service (SLA, pour Service Level Agreement). Par ailleurs, qui dit ‘ grands opérateurs ‘ ne dit pas forcément meilleure qualité de service.Vanco se distingue aussi par son benchmarking annuel. L’opérateur s’engage à auditer tous les ans l’ensemble des opérateurs auxquels il fait appel pour connecter ses clients. Il n’est ainsi pas rare de
trouver, pour certains sites, une offre plus intéressante. ‘ Vanco nous garantit une baisse de prix ou un passage à des débits supérieurs pour le même tarif ‘, se satisfait Arnaud Gut. En février 2002,
l’enseigne de parfumerie Sephora a choisi Vanco pour son réseau reliant ses 400 magasins européens. Résultat : une économie d’un tiers sur une facture de 3 millions d’euros. Pour Allen Timpany, PDG de Vanco,
‘ les opérateurs d’infrastructure n’apportent pas satisfaction sur deux points : une fois le contrat signé, ils maintiennent des prix élevés, et ne fournissent pas un niveau de service
élevé’
.Jean-Claude Delcroix, analyste chez Gartner, évoque néanmoins une ombre au tableau : ‘ L’aventure Vanco est un succès bâti sur les carences des autres opérateurs. Mais ces derniers ne restent pas
immobiles. Vanco doit donc rester vigilant pour rester dans la course ‘
. Coauteur du ‘ Magic Quadrant pour les fournisseurs de services réseaux paneuropéens ‘, paru au mois de
juillet dernier, Jean-Claude Delcroix a classé Vanco parmi les ‘ leaders ‘.Le seul autre opérateur virtuel, le britannique Sirocom, se cantonne, lui, aux acteurs de niche. Les entreprises ne s’y trompent pas. Le carnet de commandes de Vanco est passé d’une centaine de millions d’euros à
plus de 350 millions en trois ans. Sur cette même période, les montants annuels des contrats sont passés de 200 000 à 300 000 euros à plus de 1 million.Le plus gros accord de Vanco, d’un montant de 68 millions d’euros sur cinq ans, a d’ailleurs été signé en juin dernier avec la société américaine Arinc (spécialisée dans l’ingénierie de systèmes et
communications pour l’industrie des transports). De son côté, la filiale française de l’opérateur a remporté un contrat de 30 millions d’euros avec un grand groupe industriel pour raccorder près de 2 000 sites en
Europe. Cet accord prévoit la reprise des services voix (traditionnels, puis voix sur IP par la suite), ainsi qu’une flotte de mobiles de plusieurs milliers de terminaux.

Un modèle isolé ?

A ce jour, le modèle virtuel ne semble pas intéresser les entrepreneurs du monde des télécoms. Vianetworks, qui offrait un service proche du modèle de Vanco, vient de se faire racheter par l’opérateur d’infrastructure
Interoute. Sirocom peine, lui, à sortir de ses frontières. Vanco intervient aussi en sous-traitance de la partie réseaux des grands contrats d’externalisation remportés par les SSII.Au-delà des entreprises, il commence à séduire les opérateurs. Et devrait annoncer, lundi 12 septembre, un accord avec un ‘ grand opérateur ‘ grâce auquel il deviendra le bras armé de son confrère à
l’international. Parmi les opérateurs à très faible présence mondiale, on trouve notamment l’opérateur historique suisse qui utilisait les services internationaux d’Infonet, avant que celui-ci ne soit racheté par BT.Que de chemin parcouru par l’opérateur depuis sa création en 1988. A cette date, Allen Timpany, le président, répond à une petite annonce du Financial Times et achète Vanco, alors société de services bureautiques, pour une livre
sterling. Le PDG va se tourner vers les services de réseaux, profitant de la déréglementation du secteur britannique des télécoms, en 1984.Vanco ne cédera jamais aux sirènes du déploiement de réseaux coûteux. ‘ Nous n’allions pas déployer nos propres réseaux alors que les opérateurs avaient, à cette fin, dépensé des centaines de milliards de
dollars ‘
, expliquait Allen Timpany, il y a quelques années. L’avenir lui a donné raison.

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Jérôme Desvouges