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“Les fonds d’investissement français miseront 10 milliards de francs”

La start-up de Marc Andreessen s’est introduite au Nasdaq à seulement six dollars l’action. Motif invoqué: Wall Street n’aurait plus d’yeux que pour les sociétés sûres.

Quel est le principal enseignement de votre étude du capital-risque ? Christophe Chausson : Les premiers tours de table sont de moins en moins nombreux. Aujourd’hui, les fonds donnent la priorité aux tours de suite, essentiellement pour financer des start-up qui n’ont pas réussi à aller jusqu’à l’introduction en Bourse. Selon nos premières impressions, cette tendance se confirmera pour le premier semestre. Les fonds sont plus occupés à purger leurs portefeuilles qu’à chercher de nouveaux relais de croissance.Ne doit-on pas craindre que les fonds d’investissement coupent purement et simplement les robinets ? CC : J’estime que les fonds disposent en France de 1,52 milliard d’euros (10 milliards de francs) à investir dans les deux ans à venir. La France découvre pour la première fois qu’il y a des hauts et des bas dans le capital-risque, alors qu’aux États-Unis, on le sait depuis longtemps. Les capital-risqueurs savent que c’est le moment d’acheter : ils rentrent dans le capital de start-up à très bon prix, pour en ressortir dans deux ans, avec des taux de retour sur investissement énormes. Lorsque Benchmark Capital a investi dans Ebay, la croissance du secteur internet était faible et cela a été l’une des meilleures affaires.Thibaut de Montclin : Par contre, il est clair que le capital risque est définitivement sorti d’internet et se recentrera sur son secteur de base : la techno. Les business model financés seront propres aux entreprises de techno : achats de licence, maintenance, etc. L’ASP (location d’applications à distance) ne repose que sur de l’abonnement, et le secteur dépend trop du marché. Soyons très clairs : ça ne se fait plus de présenter un projet de B to C, ou même de B to B, à des investisseurs, même si nous en recevons de très bons. Ceux là devront trouver d’autres sources de financement.Quelles catégories de start-up peuvent trouver des fonds actuellement ? CC : La bulle financière a valorisé des éléments déconnectés du compte d’exploitation. Le nombre de pages vues ou d’utilisateurs ne vaut plus rien tant que cette audience n’est pas monétisée. Les entrepreneurs doivent enfin le comprendre.TDM : Les entrepreneurs doivent être à l’écoute du marché pour être sûrs d’avoir toujours le profil qui séduit les investisseurs. S’ils ne l’ont plus, ils doivent en prendre acte et chercher rapidement des alternatives. Une société qui fait 460 000 euros de chiffre d’affaires et 40 % de taux de croissance, ça n’intéresse personne. Une start-up qui arrive dans cette situation doit retourner son compte d’exploitation pour arriver vite à la rentabilité. Sinon, il faut être vendeur tout de suite, lorsque l’on n’est pas forcé de vendre. N’oubliez pas que la qualité essentielle des investisseurs est de savoir se couper un bras plutôt que de mourir. Anticipez la vente ou la fusion, longtemps avant d’être au bord du gouffre.

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Alain Steinmann