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Les Etats-Unis envisagent des cyberfrappes préventives contre leurs ennemis

L’armée américaine veut aller systématiquement « au plus proche de l’activité de l’ennemi » pour neutraliser dans l’œuf leurs capacités et leurs stratégies.  

Le message que veulent faire passer les Américains est clair : dans le cyberespace, la fête est bientôt finie. D’après The New York Times (NYT), le gouvernement des Etats-Unis veut passer à l’offensive et envisage désormais des cyber-frappes préventives dans les réseaux d’états étrangers pour contrer les cyber-combattants ennemis.
Cette nouvelle stratégie serait mise en œuvre par l’US Cyber Command, une force de combat interarmées qui est adossée à la NSA et qui, en mai dernier, a obtenu le statut de « commandement unifié ». Ce qui lui confère autant d’autonomie militaire que l’US Special Operations Command, l’un des piliers dans la guerre américaine contre le terrorisme.

Ce changement de doctrine est substantiel. Jusqu’à présent, l’US Cyber Command avait plutôt une posture défensive, en essayant de contrer les attaquants lorsqu’ils pénètraient dans les réseaux américains. D’après un document stratégique révélé par NYT, il s’agit désormais d’aller systématiquement « au plus proche de l’origine de l’activité de l’ennemi » afin « d’identifier les faiblesses des adversaires, de connaître leurs intentions et leurs capacités, et de contre-attaquer ».
L’objectif de ces frappes préventives permanentes est de forcer l’ennemi dans une posture défensive et, ainsi, de réduire ses capacités d’attaque. Autrement dit, l’US Cyber Command estime désormais que la meilleure défense, c’est l’attaque.

Risque d’escalade

Ces cyber-frappes pourraient viser des infrastructures purement cyber – les serveurs de commande et contrôle, les réseaux de proxies, etc. – mais aussi des installations militaires classiques.
Ainsi, les cyber-combattants américains pourraient être chargés de neutraliser les armes nucléaires d’un ennemi par le biais d’une cyberattaque. C’est d’ailleurs ce qu’ils essayent de faire avec la Corée du nord, d’après les révélations de The Daily Beast de mai dernier.
Une stratégie similaire a été déployée il y a quelques années en Iran, avec l’opération Nitro Zeus. Celle-ci consistait à pirater les systèmes de défenses, de communication et d’énergie, afin de pouvoir les neutraliser en cas de conflit armé. Une approche qui avait perdu son sens avec l’accord sur le nucléaire iranien… mais qui pourrait revenir au premier plan avec la sortie unilatérale des Etats-Unis de cet accord.

Mais cette nouvelle stratégie américaine n’est pas sans risque. Elle pourrait facilement provoquer une escalade dans les cyberattaques, dégradant par contrecoup la sécurité globale d’Internet.

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Gilbert KALLENBORN