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Les éditeurs sous la menace d’un Microsoft affranchi

Le géant du logiciel a gagné son procès fleuve. Il pourra étendre son monopole aux progiciels.

Cette fois, c’est terminé. Microsoft a définitivement gagné son procès antitrust. Il ne sera pas coupé en deux. Il n’aura pas à dévoiler son code source et pourra ajouter ce qu’il veut à Windows. La justice américaine vient de confirmer l’accord à l’amiable signé il y a un an. Ce qui met un terme à quatre ans de procédure. L’éditeur a bien été reconnu coupable de pratiques antitrust illégales. Mais il se fait simplement taper sur les doigts, avec quelques restrictions techniques minimes.Ceux qui demandaient des sanctions plus sévères tournent leurs regards vers Bruxelles, où la Commission européenne doit encore rendre son verdict sur une enquête similaire. Car, au final, le “procès du siècle” n’accouche que d’une souris. Rien, en effet, n’a été mis en place pour empêcher Microsoft d’étendre le monopole de Windows aux assistants personnels, aux consoles de jeux où aux téléphones portables. “Pendant tout le procès, il s’est freiné en termes d’acquisitions et d’agressivité commerciale, indique Thomas Bittman, analyste au Gartner. Microsoft est aujourd’hui libéré dans un marché propice aux achats, et avec 40 milliards de dollars en trésorerie, prêts à être dépensés.” Résultat : l’inquiétude monte. Et plus seulement pour ceux qui ajoutent des composants à Windows. Adobe a, par exemple, vu son action dégringoler à l’annonce du verdict. Acrobat, son fer de lance, est pourtant un standard de fait. Mais d’aucuns prédisent déjà l’arrivée de Microsoft sur ce terrain… avec Office comme cheval de Troie.

Les petits éditeurs locaux en ligne de mire

Même vent de panique chez Sage, où l’on affiche une sérénité de façade, mais où l’on se prépare, en sous-main, à en découdre avec un Microsoft libéré. Interrogés sur leur stratégie, ses dirigeants n’ont pas souhaité répondre à nos questions. Et pour cause : depuis les rachats de Navision et de Great Plains, “l’ogre de Redmond” a fait connaître ses ambitions dans les progiciels pour PME.Ses dernières annonces mettent d’ailleurs les petits éditeurs locaux dans sa ligne de mire. La future version d’Office permettra, par exemple, d’utiliser Word et Excel comme frontaux de saisie ou pour l’édition de rapports. “Microsoft pourrait ainsi encercler le contenu en offrant de plus en plus de fonctions dans Word et, ainsi, limiter ce qui vient des autres, redoute Philippe Carnelley, analyste chez Ovum. D’autant qu’ils entendent aujourd’hui proposer des services financiers. Avec leur puissance marketing, leur capacité à associer les produits, une marque forte et un compte en banque garni, il n’y a pas grand-chose qui puisse les inquiéter.” Il fait plutôt bon travailler chez Microsoft ces temps-ci.

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Anicet Mbida