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Les dindons de la farce boursière

Entre le marteau et l’enclume, les salariés des équipementiers, dont Alcatel est un exemple, sont les premiers dindons de la farce boursière.

Alcatel est à nouveau sous les feux de la rampe. Son action a bondi de plus de 60 % sur les 15 premiers jours de l’année, avec l’annonce du retour au vert de son résultat d’exploitation en 2003. A la grande satisfaction des
spéculateurs de haut niveau, qui savent parfaitement jongler avec les hausses et les baisses successives de la Bourse.Et cela au détriment des salariés ! De ceux qui sont partis, reconvertis ou non. Une réorganisation drastique a touché près de la moitié du personnel. En trois ans, les effectifs de l’entreprise ont fondu, passant de 113 000 à
60 000 personnes. Et l’hémorragie se poursuit : le site d’Illkirch, en Alsace, prévoit d’arrêter la production de mobiles fin mai !Mais également au détriment des salariés qui restent : réorganisations, changements de métier, délocalisations ne cessent de modifier non seulement le périmètre de l’entreprise, mais aussi les charges de travail. On a beaucoup
parlé de la prise en compte d’indices éthiques dans la valorisation des entreprises. C’est un v?”u bien pieux !L’action aurait-elle à ce point rebondi si elle avait pris en considération le stress des cadres pressurés et toutes les maladies qu’il induit ?” crises cardiaques, ulcères, dépressions, voire cancers.Et le piège est d’autant plus effrayant que les salariés sont impliqués. La rémunération, pour nombre d’entre eux, n’est-elle pas fondée en partie sur le niveau des stock-options ? Ils se retrouvent donc entre le marteau et
l’enclume : comme actionnaires, ils ont tout intérêt à ce que l’entreprise retrouve un haut niveau de valorisation boursière ; mais à quel prix ? A celui du baromètre de leur performance ?Or, on le sait bien, cette dernière n’est que l’un des nombreux facteurs de la valorisation d’une entreprise. Et c’est le seul sur lequel ils peuvent agir directement ! Ils vont donc être tentés ?” poussés, d’ailleurs,
par l’entreprise ?” de se ‘ défoncer ‘ à nouveau ! Jusqu’à épuisement ? La grande bataille de la concurrence et de la valorisation boursière est-elle un nouveau Verdun, mais cette fois contre un ennemi
inconnu ?

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Anne-Françoise Marès