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Les créateurs de start-up, fusibles de la Silicon Valley?

A l’heure où de nombreux dirigeants de sociétés Internet américaines quittent leur poste, ou sont remerciés par leurs actionnaires, certaines entreprises parmi les plus stables ont choisi d’adopter une stratégie de gestion des ressources humaines afin d’éviter les pièges dans lesquels sont tombés leurs pairs.

Un professionnel du recrutement de la Silicon Valley affirme surtout travailler ces derniers temps avec des entreprises florissantes, qui ne prévoient aucun licenciement. Mais celles-ci éprouvent néanmoins le besoin de dépasser un mode de management collégial qui est désormais vu comme satisfaisant seulement pour les start-up.” Ces sociétés accordent quelque importance à une stratégie de succession cohérente et élégante plutôt qu’à simplement virer de façon irrévérencieuse leur fondateur “, explique David Nosal, un des dirigeants du cabinet de recrutement Korn-Ferry International pour l’ouest des Etats-Unis. Certaines des sociétés Internet les plus prospères commencent à découvrir que leur créateur ?” souvent un visionnaire ?” n’est pas toujours le plus à même de s’occuper des questions de budget et de personnel.

Identifier très tôt les déficiences opérationnelles d’un fondateur

” Je trouve absolument terrifiant que le rôle du fondateur ait été et continue d’être au centre de ce qui pousse les nouvelles entreprises, souligne David Nosal. En même temps, je crois que la leçon des deux ou trois dernières années réside justement dans l’importance d’identifier très tôt les déficiences opérationnelles d’un fondateur et de s’assurer, dès le début de l’évolution de la société, du recrutement d’un dirigeant expérimenté. “La plupart des récents départs de dirigeants des entreprises de la Silicon Valley sont dus à un effondrement du cours de l’action de leur société ou à une introduction en Bourse trop longtemps reportée. NBC Internet, Alta Vista, GoTo.com et Register.com ont par exemple connu au moins un départ parmi leur équipe directoriale dans les derniers mois. Ainsi les réflexions de David Nosal ne doivent rien au hasard.

Le créateur doit se substituer au gestionnaire

Le cabinet Korn-Ferry a été chargé par la société Yahoo de recruter un nouveau directeur de publicité, un poste clef pour cette célèbre entreprise de contenu Internet. Non que le titulaire actuel du poste, Anil Singh, ait la moindre envie de quitter l’entreprise, mais celle-ci souhaite que ses fonctions évoluent vers des responsabilités plus stratégiques.En comparaison, la société Yahoo peut sembler bénéficier d’une remarquable stabilité dans son équipe, puisqu’elle a conservé ses deux fondateurs et la plus grande partie de ses dirigeants initiaux. Les responsables de Yahoo reconnaissent toutefois eux-mêmes que la tâche initiale ?” créer un nouveau nom dans un nouveau secteur ?” diffère totalement de la nécessité actuelle de savoir gérer une multinationale de plusieurs milliards de dollars en concurrence avec les géants mondiaux des médias.C’est pourquoi ils ont choisi de faire des deux fondateurs, David Filo et Jerry Yang, des figures de proue dotées du titre ronflant de ” Chief Yahoo “, tout en confiant les affaires quotidiennes à des gestionnaires plus expérimentés.” A mesure de l’évolution de notre société, nous devons accroître notre équipe directoriale, a déclaré Jerry Yang lors d’un récent congrès. Nous avons toujours maintenu des critères élevés de recrutement, mais à ce stade de notre croissance, nous avons vraiment besoin de quelqu’un qui pourra poursuivre la montée en puissance de notre affaire. 

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la rédaction (avec Reuters)