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Les constructeurs adoptent Itanium

Le processeur 64 bits d’Intel entame enfin sa carrière commerciale. Faute d’applications, et de systèmes d’exploitation, le déploiement réel en entreprise ne commencera pas avant 2002.

Avec une bonne année de retard sur les prévisions, Itanium est désormais sur le marché. Livrée en fréquences de 733 et 800 MHz, avec un cache de troisième niveau de 2 ou 4 Mo, la puce est facturée entre 1777 dollars (2 072 euros) et 4 227 dollars (4 930 euros) selon les modèles.Intel aura fait preuve d’une discrétion inhabituelle pour le lancement de sa première puce 64 bits. Coutumier des grandes manifestations, le constructeur s’est limité cette fois-ci à une annonce sur son site, et à une présence discrète aux côtés de ses partenaires constructeurs qui annonçaient leurs plates-formes Itanium.

Une adoption qui prendra du temps

En France, c’est en compagnie de Bull, qui présentait deux machines, qu’Intel est venu promouvoir la puce qui doit lui donner accès au marché convoité des serveurs back-office d’entreprise jusqu’ici largement aux mains des constructeurs Risc (Sun, HP, IBM et Compaq en tête).” Il y a de l’évolution et de la révolution dans ce lancement, commente Olivier Rivière, directeur marketing Europe de l’architecture Itanium pour Intel. Révolution parce que cette puce marque un saut technologique majeur pour Intel. Mais aussi évolution car nous nous rendons bien compte qu’il reste un travail important à fournir pour convaincre les directions informatiques d’adopter Itanium. “Précisons toutefois qu’il ne s’agit pas seulement de convaincre les directeurs informatiques, mais surtout de finir le chantier Itanium qui est encore loin de son aboutissement.Certes, les premières plates-formes matérielles sont disponibles (voir encadrés), mais on ne peut en dire autant de l’offre logicielle. En effet, l’acheteur d’un serveur Itanium serait bien en peine de savoir quoi faire tourner dessus.

Plusieurs OS, mais aucun en version stable

Ainsi, il n’existe aujourd’hui aucune version de système d’exploitation pour Itanium qui soit finalisée. Intel ne manque pas de souligner que sa puce peut fonctionner avec cinq OS différents, ce qui est exceptionnel : Linux, HP-UX 11i v1.5, AIX-5L d’IBM et Windows XP 64 bits ou Windows Advanced Server 2002. Cependant, aucun de ces systèmes n’est aujourd’hui disponible en version finale.” Nous livrerons nos serveurs Itanium aux acheteurs avec AIX-5L, Windows ou Linux en version bêta, précise Christophe Loye, directeur commercial des serveurs Intel et Unix chez Bull. Il est probable que des versions finalisées des systèmes ne seront pas disponibles avant début 2002 ou, au mieux, fin 2001. “Il se pourrait cependant que la communauté Linux grille la politesse aux éditeurs propriétaires, puisque plusieurs distributions Linux pour Itanium (dont celles de SuSE, Mandrake, RedHat, TurboLinux et Caldera) devraient être disponibles fin juin.

Les applications ne sont pas encore disponibles

Bien entendu, le portage des applications souffre tout d’abord de l’absence de systèmes d’exploitation stabilisés. Ensuite, la jeunesse de la plate-forme, son immaturité, interdisent dans un premier temps de l’exploiter pour des tâches complexes avec de forts besoins de dialogue interapplicatif et des exigences de haute disponibilité.Dans cette logique, si BEA ou Baan (Invensys) s’engagent aux côtés de Bull dans la promotion de ses serveurs Itanium, ils précisent bien qu’il s’agit aujourd’hui d’abord d’opérations de portage et de certification.” Nous sommes clairement investis dans le portage de iBaan Supply Chain Planner sur Itanium, précise cependant Ronald Teijken, chef de produits Supply Chain de Baan. C’est une application qui fournit des services d’aide à la décision et d’analyse en temps réel pour faciliter les choix des entreprises dans leurs accords commerciaux. Les capacités de calcul, de travail en mémoire vive, de gestion de vastes bases de données apportées par Itanium engendreront de réels bénéfices. “ Certes, mais pas avant plusieurs mois.

Un an avant le déploiement en entreprise

Au total, le lancement de la première mouture de l’architecture IA-64 est donc à prendre d’abord comme le début d’une phase de développement avancée.Il est probable que les plates-formes aujourd’hui disponibles serviront surtout à des fins de test et de validation, et qu’il faudra attendre au moins un an pour apprécier de réels déploiements d’entreprise.Bull a d’ailleurs créé un programme dénommé i-Scale Attitude, destiné aux éditeurs de logiciels qui souhaitent réaliser des portages d’applications, et aux entreprises qui souhaitent qualifier les équipements Itanium pour une prochaine mise en service opérationnelle.D’ici là, chaque semaine apportera son lot d’annonces, les éditeurs de bases de données devant être les premiers à se manifester. Prochain rendez-vous le 7 juin, lors de la présentation des plates-formes de Hewlett-Packard.

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Renaud Bonnet