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Les communications hors de portée de la loi pour la protection du consommateur

Le texte voté ce jeudi matin par l’Assemblée nationale encadre les reconductions tacites de contrat. Pourtant cette avancée ne bénéficiera pas à tous les abonnés.

Redonner confiance aux consommateurs. C’est l’objectif de la loi adoptée ce jeudi 20 janvier par l’Assemblée nationale. Entre autres
mesures, elle encadre la reconduction tacite de contrat, pratiquée par certains fournisseurs de services. Par exemple : si un consommateur n’écrit pas pour dénoncer un contrat avant sa date anniversaire, il est de facto
réabonné.Désormais, les professionnels auront pour obligation d’informer le consommateur par écrit, au plus tôt trois mois et au plus tard un mois avant le terme de la période autorisant le rejet de la reconduction. Ainsi, les clients
insatisfaits des prestations de leur fournisseur de services ne risquent plus de se retrouver liés pour douze mois supplémentaires.Les associations de consommateurs se félicitent. Les consommateurs pourront faire jouer la concurrence avant de s’engager à nouveau auprès de leurs prestataires. Mais le champ d’application
de la loi est limité. Les textes concernent les chaînes payantes par exemple, mais très peu les opérateurs de téléphonie mobile ou les FAI
‘, tempère Isabelle Faubourg, adjointe à la direction
juridique de l’UFC-Que Choisir.Et pour cause, la loi ne vise que les contrats par reconduction tacite. Les opérateurs ou les FAI font plutôt signer à leurs clients des contrats à durée indéterminée avec une période minimale d’engagement.Ainsi, passée cette période initiale, les clients de Bouygues Telecom peuvent résilier à tout moment leur contrat, moyennant un préavis de deux mois. Chez Wanadoo, les abonnés souscrivent des contrats dont la durée minimale d’engagement
est de douze mois. Passé ce délai, s’ils n’avertissent pas le fournisseur d’accès de leur désir de mettre un terme à leur relation commerciale, le contrat devient à durée indéterminée.Cela n’a rien d’affolant, au contraire. Dans ce cas, le client peut mettre fin à son abonnement à tout moment en envoyant un courrier avant le 20 du mois en cours pour qu’il soit résilié dès le mois suivant. Il en va de même pour les
forfaits sans engagement, renouvelés par tacite reconduction tous les mois.

‘ Une avancée peu révolutionnaire ‘

Mais si la loi est appliquée stricto sensu, les professionnels qui ont choisi des abonnements à durée indéterminée ou renouvelables mensuellement pourraient être contraints de prévenir leurs clients tous les mois.
Les abonnés des FAI pourraient ne pas apprécier de recevoir tous les trente jours un courrier leur indiquant qu’ils peuvent résilier leur contrat.Cette loi n’a du sens que pour les contrats tacites de longue durée. Nous craignons la lourdeur administrative. Alors que dans les faits, les clients peuvent se désabonner ?” en
dehors de la période initiale d’engagement ?” à tout moment ‘
, commente Stéphane Markovitch, délégué général de l’AFA (Association des fournisseurs d’accès). Exceptés les abonnés à l’ADSL de Tiscali ou de FreeSurf.
Ces deux FAI font signer à leurs clients un contrat renouvelable par reconduction tacite par période de douze mois.L’AFA souhaite que la loi s’applique aux contrats dont la durée minimale est de six mois. Si toutefois les professionnels n’envoyaient pas de notification, ‘ le consommateur [pourrait] mettre
gratuitement un terme au contrat, à tout moment, à compter de la date de reconduction ‘,
encadre le texte. Au vu des contrats généralement pratiqués par les opérateurs et les FAI, cette mesure ne devrait avoir que peu
d’incidence.’ Cette loi est une avancée. Mais elle n’est pas révolutionnaire. Elle ne concerne que les contrats de reconduction tacite. Rien n’est dit en revanche sur les modifications unilatérales de contrat. Les
prestataires de services ont tendance à modifier les termes de leurs conditions générales de vente sans l’accord de leurs clients et sans même les en informer ‘
, dénonce Isabelle Faubourg.

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Hélène Puel