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L’entreprise intègre les métiers internet

Les projets e-business sont désormais ancrés dans l’entreprise. Des postes ont vu le jour, notamment chez les pure players internet dont la créativité s’est vite heurtée à un besoin de structuration et de contrôle des coûts. Les grandes entreprises, pour leur part, ont poussé les métiers traditionnels à se charger des technologies internet.

Apparu dès le début des années 90, le webmaster est très vite devenu la figure emblématique du web en entreprise. Responsable de l’architecture technique et de la maintenance du site internet, il a généralement été mis en place par le département marketing, prenant souvent de vitesse les services informatiques encore réticents à s’ouvrir à de nouvelles technologies. Évolutions du site, maintenance informatique, gestion de la publication, etc., ses attributions sont vastes et les profils des candidats des plus divers.Selon Chantal Carton, directrice marketing du site freelance.com, le métier de webmaster représente une fonction clé dans les petites structures : “Responsable des informations diffusées sur le site, le webmaster est généralement l’interface entre les équipes opérationnelles et les équipes techniques. Dans les petites entreprises, sa fonction polyvalente l’amène parfois à assumer plusieurs rôles : web designer, traffic manager, concepteur de publicité en ligne…”Les sites gagnant en complexité, les directions informatiques ont repris la main et commencé à assurer la maintenance de leur plate-forme web. Les fonctions informatiques ont été plus clairement scindées des tâches purement rédactionnelles. Des administrateurs web assistaient le webmaster éditorial dans le domaine technique, tandis que les équipes internes de développement, les chefs de projet et les ingénieurs se pliaient aux technologies internet.En outre, certains profils sont devenus très recherchés. Ainsi, le responsable sécurité, administrateur réseau spécialisé, constitue désormais une pièce maîtresse de l’équipe chargée de l’exploitation. De même que les chefs de projet experts en serveurs d’application, côté développement.

1 – Une surenchère de nouveaux métiers

À l’origine très forte, la demande s’est toutefois vite tarie : “Au début, les entreprises recherchaient un profil pour ses connaissances web. Confrontées, il y a un an, à la pénurie de qualifications en la matière, elles choisissent désormais quelqu’un pour ses compétences métier, la connaissance web ne constituant plus un point différenciateur. La demande n’est en effet plus centrée sur la technologie internet en elle-même. La compétence web est désormais considérée comme une composante du savoir-faire des candidats”, constate Sébastien Bompard, gérant de la division informatique pour le cabinet Michael Page.Avec la banalisation des technologies internet dans les applications d’entreprise, les informaticiens web rentrent dans le rang. En outre, de multiples fonctions spécifiques aux activités B to C sont apparues : “surfeurs” chez les annuaires de sites, modérateurs de forums, animateurs de jeux en ligne, bon nombre de métiers qui se sont créés sur le tas. De ce fait, des personnes les plus diverses, autodidactes du web, ont eu l’opportunité de débuter une carrière, avant que les besoins ne formalisent trop les profils aujourd’hui recherchés.Les prestataires, notamment les web agencies et les agences de création, ont largement participé à cette surenchère aux nouveaux métiers. Après les web designers, les directeurs artistiques, infographistes et ergonomes web, certains ont poussé la spécialisation jusqu’à se limiter à la création de formats publicitaires en ligne, un art aux contraintes techniques sévères. Ainsi, des infographistes 3D participent parfois à des projets bien spécifiques. Plus rares encore, les web sound designers sont chargés de la sonorisation des sites.

2 – Les start-up se restructurent

Mais c’était sans compter sur l’éclatement de la bulle internet. Depuis l’e-crise, un certain nombre de directeurs généraux (les start-up disposent encore rarement de véritables DRH) ont dû tailler dans leurs coûts et prendre en charge en interne des fonctions jusqu’alors confiées à des prestataires extérieurs. Parmi elles, la gestion de la publicité est désormais assurée par un responsable de publicité.Autre nouveau poste de plus en plus fréquemment rencontré dans ces entreprises, celui de responsable des partenariats. Afin de traverser cette période difficile, les sites se serrent les coudes et multiplient les accords marketing pour soutenir l’audience ou proposer des packages commerciaux innovants. Selon Géraldine Cozenot, responsable des partenariats pour le site de voyages karavel.com,“multiplier les alliances favorise la mise en avant de notre offre auprès d’une cible plus large. Savoir s’entourer et négocier avec les meilleurs partenaires ne suffit pas. Être capable de vérifier la rentabilité de l’accord et de déterminer le coût au prospect se révèle primordial pour poursuivre ou non une collaboration.”Les places de marché ont également dû s’adapter à un secteur un peu moins dynamique qu’escompté. Ainsi, pour alimenter leur site en appels d’offres, elles se sont dotées d’acheteurs spécialisés, baptisés e-sourcer. Leur mission consiste à débusquer de nouveaux fournisseurs sur les marchés mondiaux. De l’autre côté, il a fallu assister les acheteurs afin de les aider à formaliser leurs appels d’offres selon les pratiques des places de marchés.

3 – Internet progresse dans les hiérarchies

Dans les grandes entreprises, la mise en place plus ou moins laborieuse des nouvelles stratégies internet a vu l’émergence d’un nouveau poste clé, celui de responsable e-business. Souvent rattaché à la direction générale de la société, il coordonne l’action des services marketing, achats et commercial. Par ailleurs, les projets de rationalisation des achats ont initié de nouveaux postes : responsables e-procurement, chefs de projet catalogue électronique…Contrairement aux pure players internet partis de rien, les grandes entreprises n’ont pas systématiquement créé de nouveaux postes avec l’arrivée du Net, la tendance étant de convertir chaque fonction existante aux nouvelles technologies web. Ainsi, celle des acheteurs professionnels n’a pas été profondément remise en cause par le Net. Néanmoins, les nouveaux outils web doivent leur faciliter la recherche de nouveaux fournisseurs, les aider à formaliser les procédures d’achat et accélérer leurs processus d’appel d’offres en transposant le fonctionnement initial sur le web.Un constat similaire du côté de la logistique avec les solutions de supply chain management (SCM), des architectures partagées où donneurs d’ordres et fournisseurs partagent leurs prévisions de ventes et leurs capacités de production afin de planifier puis d’exécuter des programmes logistiques suivis heure par heure par l’informatique. Si ces systèmes se mettent progressivement en place, rares sont encore ces fameux e-logisticiens. Il est vrai que la logistique du commerce électronique ressemble étrangement à la logistique traditionnelle.Quelques responsables en logistique ont donc reçu le titre de supply chain manager, une dénomination “à la mode” qui ne remet aucunement en cause le fonctionnement interne de l’entreprise. Aujourd’hui, l’e-procurement représente le domaine où les initiatives se révèlent les plus nombreuses. La gestion des approvisionnements via la mise en place d’un portail interne a été confiée à un responsable e-procurement, issu des achats.D’autre part, les entreprises désireuses de proposer leurs produits à leurs clients sur de telles plates-formes ou sur des places de marché, se sont rapidement heurtées au problème de la réalisation d’un catalogue électronique.

4 – De nouvelles opportunités d’emplois avec le CRM et la gestion de contenu

Là encore, il a fallu nommer un responsable en charge de collecter l’information issue des multiples services de la société (marketing, commercial, R&D, etc.) de façon à constituer une base de données produits fiable, puis à fournir des catalogues personnalisés aux partenaires de l’entreprise. Informaticiens d’origine pour la plupart, ces responsables catalogue électronique (ou content manager) devraient se multiplier dans les entreprises ces prochaines années, tant le manque de catalogues électroniques y est actuellement flagrant.Aujourd’hui, la demande en nouveaux profils s’est quelque peu tarie. Les start-up n’en finissent pas de se restructurer et les grandes entreprises misent sur leurs équipes internes lorsqu’elles n’externalisent pas des fonctions qui leur sont encore inconnues. Gageons que les nouvelles applications de CRM (Customer Relationship Management), de gestion de contenu ou de SCM constitueront les prochains gisements d’emplois du e-business.

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Alain Clapaud