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L’encre plus chère que le champagne

J’ai toujours su que les cartouches d’imprimantes à jet d’encre coûtaient cher. Mais j’étais loin d’imaginer à quel point.

Petite devinette : quel liquide de consommation courante coûte plus de 2000 € le litre ? Du sirop de caviar relevé au diamant liquide ? Non, le banal jus de nos cartouches d’imprimantes à jet d’encre.Le magazine
Which – une sorte de Que Choisir anglais – vient de faire ses petits calculs. Et le résultat est saisissant : 2,45 ? le millilitre en moyenne pour une cartouche d’encre. C’est sept
fois plus cher que du Dom Pérignon millésime 1985 ! A ce rythme, on devrait tous arrêter d’imprimer et commencer à boire. On ferait des économies.Cela fait des années que les fabricants bradent leurs imprimantes pour se rattraper sur les consommables. Mais on atteint aujourd’hui des sommets. La majorité des jets d’encre coûtent moins de 100 ?. On trouve même
des modèles à 30 ?. Pas cher.Mais comme elles sont toutes livrées avec des cartouches à moitié vides, il faut rapidement repasser à la caisse. Et c’est là que ça fait mal : avec des rechanges facturées entre 25 et 40 ?, on regrette vite la bonne affaire
du départ.Pire, les cartouches des imprimantes les moins chères contiennent seulement 10 ml. Difficile donc de dépasser les 400 pages de texte.Et pour être certains que l’on en fera pas plus, certains constructeurs comme Epson, bloquent purement et simplement l’impression à partir d’un certain niveau d’encre dans la cartouche. Bizarrement, avec une
bidouille qui réinitialise le compteur, il est possible d’imprimer beaucoup plus de pages. Alors arnaque ou pas ?Bien sur, il existe des systèmes de remplissage et des cartouches compatibles vendues de deux à trois fois moins. Mais dès que l’on en parle, les constructeurs agitent les épouvantails, expliquant qu’ils endommagent les
imprimantes quand ils n’éclaboussent pas partout.Tous ont d’ailleurs ouvert la chasse aux contrebandiers en dotant leurs cartouches de mouchards qui empêchent d’utiliser de l’encre ‘ pirate ‘. Bientôt ils nous feront croire que si leurs cartouches
sont aussi chères, ce n’est pas à cause de leurs marges colossales, mais des millions d’étudiants qui téléchargent de l’encre sur Kazaa pour la partager avec leurs copains.A trop tirer sur la corde, les associations de consommateurs ont fini par monter au créneau. Après la mise en garde de Which, c’est une association hollandaise qui appelle aujourd’hui au
boycott des cartouches Epson et de leur puce ‘ limite copies ‘.Ce genre d’affaires a l’avantage de relancer le débat et de mettre un coup de pied dans la fourmilière. La Commission Européenne a déjà fixé pour 2006 l’interdiction des mouchards qui empêchent l’utilisation
de cartouches compatibles.Quant à l’équivalent anglais de notre DGCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes), il enquête actuellement sur la politique tarifaire des fabricants d’imprimantes.Espérons que tout ceci débouchera sur plus de transparence dans les coûts d’impression et la durée de vie des cartouches. Avec un peu de chance, les prix pourraient même baisser. Sinon, on finira par boire de l’encre et
imprimer avec du champagne.Note de la rédaction : Depuis l’association de consommateurs hollandaise ConsumerBond a renoncé à son appel au boycott des recharges d’encre Epson.


A lire sur ce thème :
Arnaque à la cartouche d’encre : Epson lavé de tout soupçon
* Grand reporter à 01 Informatique

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Anicet Mbida*