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” Le Wireless LAN sera, malgré tout, un raz de marée “

Wireless Consulting est spécialisé dans l’étude de site pour le déploiement de réseaux sans fil. Son directeur commercial, Cyril Voidies, explique ce qu’il ne faut pas omettre de faire avant de déployer.

01 Réseaux : Que faut-il pour déployer un réseau sans fil en entreprise ?Cyril Voidies : Il faut impérativement commencer par une étude de site, qui permet de déterminer la faisabilité du déploiement, ce qui est loin d’être évident. Aucun site n’est identique. Nous avons la chance que le 2,4 GHz passe assez bien en version 802.11b. Mais ce n’est plus le cas avec du 802.11a – opérant dans la bande des 5,6 GHz -, où les mêmes cloisons, les mêmes vitres, se transforment en obstacles importants. Plus on monte en fréquence, plus il est difficile de déployer en intérieur. Même si l’étude de site est facturée, il nous est arrivé, au final, d’avertir le client de l’impossibilité du déploiement.01 R. : Quelle économie un client peut-il attendre d’un réseau sans fil ?C. V. : Il n’y a pas d’économie systématique par rapport à un réseau câblé. Il arrive même que ce soit plus cher. Cependant, à partir d’un certain seuil (autour d’une vingtaine de postes), le sans-fil devient plus intéressant. Mais l’intérêt premier reste la mobilité et la pérennité du système, qui déménage et s’agrandit avec l’entreprise. Ce type de réseau permet de transformer sans souci une salle de réunion en salle de travail. Et surtout, la rapidité de déploiement est sans commune mesure avec les réseaux traditionnels. Pour relier trois bâtiments, il faut une petite journée, contre au moins une semaine. Autre avantage : nous ne proposons pas de contrat de maintenance, car la technologie fonctionne bien. On assure juste au client qu’il sera dépanné en cas de problème.01 R. : Quel est l’engouement suscité par le WLan ?C. V. : Il est assez mitigé. La presse a occasionné du tort à la technologie, tout en lui assurant une bonne promotion. L’hiver dernier, tous les magazines en parlaient mais n’abordaient que les problèmes de sécurité. Une installation bien faite permet néanmoins d’éviter que la réception ne déborde vers l’extérieur, et ne puisse être interceptée. On peut, pour cela, baisser la puissance des émetteurs, mais je n’y suis guère favorable. Il vaut mieux utiliser des antennes directionnelles afin de contenir les émissions. On évite également de couvrir des zones d’accueil public.01 R. : Dans ce cas faut-il attendre le 54 Mbit/s pour de meilleurs débits ?C. V. : Je le répète : ceux qui attendent cette technologie vont vite être déçus par le prix, par la portée et par les contraintes. Toutes les distances de réception sont divisées par deux ; il faut donc deux fois plus de matériel et payer deux fois plus cher.01 R. : Le réseau sans fil est-il plutôt destiné aux petites entreprises, réclamant peu de débit sans donner la priorité à la sécurité ?C. V. : Non, l’essentiel du trafic s’effectue avec des applications bureautiques, et le 802.11b répond tout à fait aux divers besoins des entreprises. Il peut, en revanche, être intéressant d’attendre le 802.11g, prévu pour la fin de l’année, qui permettra d’atteindre les 54 Mbit/s dans la bande des 2,4 GHz. Pour ce qui est de la sécurité, on peut coupler le système à un serveur Kerberos : vous modifiez les clés WEP des cartes et des serveurs d’accès tous les quarts d’heure… La sécurité s’améliore très rapidement.01 R. : Beaucoup de fournisseurs, notamment Intel, ne croient pas au 802.11g…C. V. : Je ne suis pas d’accord, car le 802.11g émet dans une bande libérée, alors que le 802.11a se trouve dans la bande très surveillée des 5 GHz. Je crois, d’ailleurs, que cette dernière ne sera pas libérée dans l’immédiat en extérieur. Il est clair que les opérateurs de BLR feront tout pour éviter la mise en place des 5 GHz en France.01 R. : À lire vos brochures, vous semblez ne vendre que des produits Intel…C. V. : Nous ne sommes pas distributeur exclusif d’Intel. Ce sont les produits que l’on préconise, car on les connaît bien. Il nous arrive d’utiliser les produits de Symbol, Compaq ou Cisco, même si nous déployons à hauteur de 80 % environ ceux d’Intel. Au-delà des produits, nous apprécions le service après-vente. En cas de panne, on est assuré d’un produit de remplacement dès le lendemain. De plus, il ne faut pas se leurrer, les matériels sont très inégaux, surtout au niveau des antennes. Ceux qui proviennent de Taïwan sont à proscrire.01 R. : Avez-vous des projets pour des déploiements dans les lieux publics ?C. V. : Nous entamons des discussions avec des aéroports et des restaurants branchés. Ça démarre doucement. Mais il y a beaucoup de déploiements sauvages. Je ne vois pas les réseaux sans fil s’adresser au grand public avant un bon moment. En tout cas, pas tant que les chips radio ne seront pas intégrés de manière native dans les PDA et les portables.01 R. : Les opérateurs mobiles auront-ils un rôle à jouer dans ce domaine ?C. V. : Le marché n’est pas prêt pour le grand public. Je n’y crois pas. C’est comme pour la téléphonie mobile : s’il n’y avait pas eu des terminaux à 500 F, il n’y aurait pas autant de clients aujourd’hui. Ceux qui pensent pouvoir couvrir tout Paris avec du 2,4 GHz n’ont aucune chance de voir cet espoir se réaliser.01 R. : L’ART a publié les résultats de sa consultation sur le sujet. Qu’en pensez-vous ?C. V. : Cette consultation n’apporte rien, et pose plus de questions qu’elle n’y répond. L’ART doit faire face aux opérateurs qui ne souhaitent pas forcément la libération de la bande des 5 GHz (pour éviter que le sans-fil ne vienne perturber le marché plus que profitable des liaisons louées). Mais tous ces obstacles ne doivent pas occulter un fait : le Wireless LAN sera un vrai raz de marée. J’espère que la bande des 5 GHz sera entièrement libérée dans trois ou quatre ans. Pour bien faire, il faudrait peut-être établir des licences d’exercice, comme cela existe déjà dans le mobile.

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Nicolas Belot et Jérôme Desvouges