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Le web sportif américain pourrait accepter de ne pas être lucratif

Douche froide pour les ligues de sports et les médias : le web rapporte peu. Mais il permet de fidéliser les supporters.

En 1998, la NFL (National Football League, la ligue de football américain) confiait pour 10 millions de dollars (11 millions d’euros) et pour trois ans la gestion de son site web à ESPN, propriété de Disney. En 2001, ce marché a échappé à ESPN, qui était pourtant prêt à dépenser 250 millions de dollars. Pour 310 millions de dollars, AOL-Time Warner et Viacom (CBS) ont obtenu la gestion du site de la NFL et du Superbowl (la finale du championnat) pour cinq ans. Des chiffres faramineux qui cachent toutefois la prudence des médias américains à l’égard du sport sur le web. Et sur ces 310 millions, 200 ne seront pas payés en cash mais en pub et marketing sur les réseaux d’AOL et Viacom.

Réorganisation

Au-delà, les droits de diffusion des matchs sur internet ne rapportent encore que des sommes modestes. L’heure est davantage à l’organisation dans le monde du sport américain. La MLB (Major League Baseball) a récemment créé MLB Advanced Media, une filiale centralisant les sites de toutes les équipes de base-ball. Un effort tardif alors que d’autres sports ont déjà bien avancé dans ce domaine. La NFL a ainsi passé un accord avec le syndicat des joueurs pour gérer leurs droits sur le réseau ?” le constat étant qu’un fan, cible directe des spécialistes du marketing, s’intéresse rarement à toute la ligue mais plutôt à son équipe préférée, ou bien à certains joueurs.Pour l’industrie du sport, un accord a valeur de test : celui signé entre la MLB et Real Networks. En mars, la ligue de base-ball a accordé à l’éditeur de logiciels l’exclusivité des retransmissions audio et vidéo sur le web pour 20 millions de dollars par an pendant trois ans. “Écouter un match sur internet demande dorénavant de s’abonner, soit sur le site de la MLB, soit avec le Gold Pass de Real Networks, explique Bob Bowman, le président de MLB Advanced Media. En revanche, les radios n’ont plus le droit de retransmettre des matchs sur le web.”Un supporter des New York Mets expatrié en Californie devra donc payer pour pouvoir écouter les matchs de son équipe sur internet. Une expérience dont on attend toujours les premiers résultats et qui suscite les doutes des analystes. La banque WR Hambrecht a chiffré à 31 millions de dollars, dans le meilleur des cas, le revenu d’une telle activité. Ne sont concernés que des internautes ?” peu nombreux ?” ne résidant pas dans la région de leur équipe favorite. La NFL, elle, a préféré maintenir la gratuité des retransmissions audio sur le net.Gagner de l’argent directement grâce au web ne semble constituer qu’une préoccupation marginale. Selon une étude du cabinet Forrester, seules 14 % des équipes professionnelles américaines ont imposé à leur site de rapporter de l’argent. Fidéliser le supporter semble au moins aussi important. Les groupes qui achètent des droits sur internet possèdent tous des chaînes de télévision retransmettant les matchs, où la taille des marchés publicitaires est sans commune mesure avec celle du web.

Les sans fil dans la course

Le plus, multimédia ne rime que partiellement avec internet. Le sans fil (téléphones ou assistants personnels) commence à attirer les différentes ligues. Même s’il reste vague, Bob Bowman affirme être en train de signer un accord avec l’opérateur Nextel portant “sur plusieurs millions de dollars courant sur plusieurs années “. Mais, outre-Atlantique, le Graal de la communication se nomme télévision interactive. Le succès du câble aux États-Unis a créé un marché pour cette technologie. Du hockey au football américain en passant par les courses automobiles, toutes les ligues sportives testent ce canal, capable de marier les informations du web et la retransmission de la télévision.

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Ludovic Nachury à New York