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Le réseau s’est pris les pieds dans le câble

Initialement conçus pour ne véhiculer que les contenus télévisuels, les réseaux câblés ont difficilement pris le virage du net. Leur portefeuille d’abonnés à haut débit en pâtit.

Le plan câble, lancé en grande pompe au début des années 1980, aurait pu trouver un semblant de second souffle avec l’arrivée d’internet à haut débit. Cependant, trois ans après le lancement des premières offres commerciales, il n’en est rien. Environ 3 millions de foyers sont aujourd’hui abonnés aux offres de télévision par câble, mais seulement 90 000 d’entre eux (3 %) ont souscrit une offre d’accès à internet par le même canal. En pleine phase de décollage, au printemps 2000, le câble a souffert d’une très mauvaise presse. Des critiques liées aux problèmes rencontrés par son principal promoteur de l’époque : Lyonnaise Câble, aujourd’hui rebaptisé Noos. Pourtant, si le câblo-opérateur a clairement sous-estimé les infrastructures nécessaires, il a surtout fait les frais d’une architecture désuète, pas du tout prête pour internet, et pour cause : le principe même du réseau câble est différent d’un réseau informatique. Chaque zone d’abonnés est reliée à un câble routeur. Un abonné peut donc avoir la malchance de se trouver dans une zone où le câble routeur est déjà largement saturé et, de fait, avoir des conditions de connexion très difficiles, alors même que deux autres câbles routeurs fonctionnent sans problème. Toute la problématique de l’opérateur a consisté à redécouper son réseau afin de créer des zones d’abonnés de plus en plus restreintes.De même, le réseau n’était pas conçu, au départ, pour permettre la remontée des informations vers internet, le principe de la télévision n’impliquant pratiquement que la réception de données. C’est l’une des raisons pour lesquelles la plupart des offres d’internet par le câble imposent aujourd’hui un quota d’émission de données (upload). En effet, les premiers abonnés ont eu tendance à utiliser l’accès câble pour envoyer des quantités importantes de données sur le réseau (hébergement de services personnels, jeux en ligne). Conséquence : les brouillages et les pannes qui étaient, à la rigueur, acceptables pour la télévision devenaient insupportables pour les internautes fraîchement convertis au haut débit. Si l’on ajoute à cela les pratiques commerciales d’un distributeur d’eau (un service client minimum et des employés ne faisant que le ” relevé des compteurs “), Noos s’est attiré les foudres des associations de consommateurs. Le câblo-opérateur va débourser 183 millions d’euros d’ici à 2003 pour rénover son réseau. Toutefois, si Noos a connu des problèmes techniques, ses concurrents en France (France Telecom Câble, NC Numéricâble, Chello et Est Vidéocommunication, par ordre d’abonnés en portefeuille) n’en ont pas été exempts.Le marché décollant moins rapidement que prévu, la plupart d’entre eux ont revu leurs investissements à la baisse, notamment UPC, maison mère de Chello. En décembre 2000, la fusion de Chello avec le gigantesque câblo-opérateur américain Exciteathome a été reportée sine die par ce dernier, qui a estimé que les conditions de marché n’étaient plus réunies pour qu’elle s’effectue. Très endetté (plus de 8 milliards d’euros), UPC a dû revoir sa stratégie européenne et entamer une sérieuse cure d’amaigrissement.

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AS