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Le prochain filon des télécoms

Lorsque nous téléphonons, nous utilisons encore un système qui date du début du XXe siècle.

Il y a six ans à peine que nous utilisons l’internet, et il est déjà archaïque. Sa lenteur nous désespère, tout comme l’écart grandissant entre ses immenses possibilités et l’utilisation ” bridée ” que nous en faisons. Pourquoi ce vieillissement prématuré ? Tout simplement parce que la plate-forme sur laquelle le web a été construit est totalement obsolète. La deuxième révolution internet ?” celle qui rendra son utilisation si simple et rapide que le public y adhérera massivement ?” sera celle des réseaux télécoms.Nous utilisons un système qui date du début du XXe siècle. Eh oui, l’essentiel des communications, qu’il s’agisse de la voix ou des données, passe toujours par le réseau commuté des opérateurs de télécoms. Bien sûr, il a bénéficié d’améliorations au fil du temps, mais sa philosophie originelle n’a pas changé.Le principe de mise en communication de deux personnes est exactement le même qu’à l’époque du 22 à Asnières et des demoiselles des PTT : une ligne dédiée est établie entre deux personnes, et demeure mobilisée pendant toute la communication.Les technologies de pointe ont permis d’optimiser et d’accélérer le cheminement de cette ligne à travers l’immense labyrinthe des trajets physiquement possibles, mais le débit de la transmission demeure forcément limité dès que l’on veut y faire circuler autre chose que de la voix. Tout se passe comme si l’on bloquait un canal entier pendant une conversation, alors que seule une fraction de la bande passante est utilisée en continu.Lorsque le trafic des données était faible comparé à celui de la voix ?” en gros, jusqu’au début des années 1990 ?”, le problème n’existait pas : on employait les blancs des conversations pour transmettre des paquets de données (des fax, par exemple) afin d’optimiser le trafic. Mais, depuis trois ans, le trafic des données est supérieur à celui de la voix. Les techniciens envisagent même que la voix devienne un jour marginale par rapport aux données (une hypothèse invraisemblable jusqu’alors, et même politiquement incorrecte pour les opérateurs télécoms nationaux). Pourtant, elle va devenir réalité.Le problème technologique qui empêchait de faire circuler les conversations par petits ” paquets ” de données est résolu et le “voice over IP” (ou VoIP, qui est la transmission de la voix via le protocole de communication internet) est en passe de devenir le moyen de transmission des réseaux du futur. Ce système est aussi la clé de voûte d’un nouvel eldorado : l’internet haut débit.Qui va en profiter ? Quelles sont les entreprises qui mèneront cette nouvelle révolution ? Ce dont je suis sûr, c’est qu’il ne s’agira pas de ces start-up qui se sont lancées hâtivement sur le créneau du téléphone sur IP, le téléphone via l’internet. Pourquoi ? Parce qu’il n’existe pas ?” et il n’existera pas ?” de téléphones bon marché compatibles avec le protocole internet. Songeons qu’il a fallu produire des milliards d’appareils fixes pour arriver au rapport qualité-prix des combinés d’aujourd’hui ! Et ne parlons pas de la qualité des communications offertes aux internautes : convivialité médiocre, transmission déplorable…En revanche, je miserais sans hésiter sur les entreprises, petites ou grandes, qui ont dans leurs cartons des logiciels ou des systèmes qui permettront de développer ces nouvelles fonctions pour les opérateurs de télécoms. En tête, Alcatel et Cisco, et quelques petites sociétés, pas encore cotées pour la plupart, comme Atrica, qui permet de recréer des réseaux locaux directement sur le protocole internet. Autres exemples : Omm et Memscap, des fabricants de Mems, ces micromachines capables de diriger la lumière des réseaux optiques grâce à des miroirs mobiles microscopiques. Il y a aussi les acteurs du marché des terminaux intelligents tels Handspring et Palm, dont les PDA feront bientôt aussi office de téléphones.L’explosion du voice over IP est vitale pour tout le monde high-tech. Après avoir engrangé de formidables gains de productivité pendant dix ans, les entreprises du secteur sont tenues de découvrir de nouveaux gisements de productivité. Et elles demandent à leurs fournisseurs de logiciels ?” les Ariba, Oracle, E.piphany, BroadVision, Netscape, Microsoft ou SAP ?” davantage de fonctionnalités en temps réel (intégration de bases de données, multiplication des flux…). Or le succès de ces développements dépend, lui aussi, de l’internet, et donc du réseau téléphonique de deuxième génération.

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Eric Archambeau