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Le nouveau levier des start-up

Les fonds communs de placement pour l’innovation rapporteront, en 2001, plus de 500 millions d’euros aux jeunes pousses. Un record. Avec des risques à la clé.

”  Les start-up qui ont un beau projet et une bonne équipe auront de l’argent en 2002 “, s’enthousiasme Jean-Patrick Demonsang, directeur général de Spef Venture (groupe Banques Populaires). Sa société de gestion compte lever près de 35 millions d’euros (230 millions de francs) pour son sixième FCPI (fonds commun de placement pour l’innovation). Et il n’est pas le seul. Le Nouvel Hebdo estime que ce sont près de 500 millions d’euros qui devraient être levés, d’ici à fin 2001, par la vingtaine de FCPI agréés par la COB (Commission des opérations de Bourse) depuis le 1er septembre. 2001 est le meilleur cru de ce secteur, puisque le nombre de créations de FCPI a crû de 25 % par rapport à 2000, qui fut pourtant une année record.

Une éligibilité restreinte

Souscrits par des particuliers à la recherche d’avantages fiscaux (*), les FCPI représentent une véritable manne pour les start-up, car ces fonds sont contraints d’investir 60 % des sommes levées dans des sociétés innovantes, sur une période de deux ans. Mais pour en bénéficier, celles-ci doivent disposer du label “ société innovante” de l’Anvar (Agence nationale de la valorisation de la recherche, environ 200 labels attribués en 2001) ou dépenser 30 % de leurs revenus en recherche et développement. Une réglementation contre laquelle s’élève René Maury, PDG de Siparex Venture Gestion : “ Le label Anvar crée un goulot d’étranglement et donne un faux sentiment de sécurité. Il faudrait faire attention à la qualité des sociétés de gestion.” Car, étant donné le nombre limité de start-up labellisées, peu d’entreprises sont éligibles à l’investissement. Certains dossiers bénéficieraient donc d’une survalorisation, ce qui déplaît aux investisseurs. Mais, pour les FCPI, dont les équipes de gestion sont les plus jeunes, cela pose le problème de l’accès au dealflow, c’est-à-dire aux dossiers d’entreprises à financer. “ Certains FCPI vont arriver au bout des deux ans sans avoir investi le minimum légal et vont prendre tous les dossiers, même les plus mauvais, pour éviter le redressement fiscal“, commente le responsable du FCPI d’une grande banque.On peut craindre que des fonds aient du mal à tenir leurs promesses. “ Peu d’équipes de gestion ont réussi à lever des fonds auprès des institutionnels sous forme de FCPR [Fonds communs de placement à risque, ndlr]. Ils se sont donc rabattus sur les particuliers, les FCPI“, explique Jean-Patrick Demonsang. Jean-François Paumelle, directeur général d’Alto Invest, est encore plus tranché : “Peu de FCPI sont gérés par des équipes expérimentées.

Le piège des 40 %

Autre problème, si 60 % des fonds doivent être investis dans des sociétés non cotées, les 40 % restants le sont selon le bon vouloir de la société de gestion du fonds. “C’est le piège pour les teneurs de FCPI qui n’ont pas d’expérience, car ils pensent améliorer leur rentabilité avec cette part. Or, ces investissements font l’objet de moins d’études et d’analyses. L’an dernier, certains FCPI ont investi sur le Nouveau Marché qui s’est écroulé.” Et, comme le rappelle Christophe Talon, de CDC Innovation, l’objectif est tout de même de satisfaire l’investisseur individuel dont les poches ne sont pas extensibles. Et pour lequel trop de FCPI pourrait tuer le FCPI. Sofimac Partners vient de prolonger la date de souscription de France Régions Innovation 1 et l’UFF a aussi reporté UFF Innovation 2.
(*) Les souscripteurs de parts de FCPI bénéficient d’une réduction d’impôts de 25 % de l’investissement dans la limite annuelle de 11 434 euros par personne, le double pour un couple.

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Alain Steinmann