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Le mobile satellitaire peine toujours à décoller

Les crises politiques, les catastrophes naturelles et les événements tragiques comme ceux qui se sont déroulés depuis septembre 2001 prouvent l’utilité des télécommunications mobiles par satellite. Mais celles-ci demeurent un marché de niches au développement aléatoire.

Les attentats du 11 septembre 2001, l’explosion de l’usine AZF de Toulouse et la guerre contre les taliban et les terroristes d’Al-Qaida ont suscité un regain d’intérêt pour les systèmes de radiocommunication spatiaux. Mais cela ne suffit pas à faire véritablement décoller un marché qui n’assure toujours pas la viabilité économique des nouveaux opérateurs.Ainsi le réseau Iridium (5 millions de dollars d’investissements), repris par une nouvelle société (pour 25 millions de dollars) après son dépôt de bilan, ne doit-il sa survie qu’à un important contrat du Département américain de la Défense (DoD). Celui-ci a en effet acheté, pour 72 millions de dollars, un droit d’usage illimité, durant deux ans, pour quelque vingt mille terminaux qui ont été distribués à des militaires et à des fonctionnaires fédéraux. Une bouée de sauvetage insuffisante, cependant, pour assurer le point mort de l’opérateur, qui doit impérativement trouver de nouveaux débouchés. Globalstar, qui espérait sans le dire la disparition du réseau Iridium, affronte, lui aussi, une grave crise, qui entraîne la défection de certains partenaires comme Te.Sa.M, filiale commerciale commune de France Télécom et d’Alcatel.En marge d’un plan de restructuration qui doit lui éviter la faillite, Globalstar, à l’instar de son concurrent direct, essaie de développer des applications comme la transmission de service voix-données-images pour l’aviation.

Un unique satellite géostationnaire

Troisième acteur du secteur, Thuraya n’a pas les mêmes charges que ses concurrents puisqu’il utilise un unique satellite géostationnaire. Mais l’opérateur, fondé par les Émirats Arabes Unis, peine aussi à trouver son public, malgré des prix attrayants. Selon un spécialiste, les objectifs commerciaux ne seraient réalisés qu’au dixième des prévisions. Moins fragile car adossé au marché des télécommunications maritimes et aériennes et des transports terrestres, Inmarsat est loin d’être hors jeu dans les mobiles portables, grâce à l’arrivée de terminaux de la taille d’un ordinateur de voyage (moins de 2 kg) associant téléphonie et transmission de données, y compris audiovisuelles.

Un véritable besoin

Pour une entreprise comme TDCom, dans laquelle France Télécom a une participation de 40 %, le marché des télécommunications par satellite est loin d’être une danseuse. “Nous sommes spécialisés dans ce domaine et nous réalisons des profits”, résume Patrick Gibassier, directeur général de la société. Pour autant l’activité demeure très spécifique : “Nous travaillons beaucoup avec les médias, les entités gouvernementales et les ONG, admet-il. Le marché reste très vertical, très professionnel. Les nouveaux réseaux, avec leurs terminaux légers à moins de 1 000 ? et leurs coûts de communication à 1,5 ? la minute, n’ont pas encore vraiment séduit les milieux d’affaires.”Pourtant, la période tragique de la fin 2001 a révélé que ces systèmes répondaient à un véritable besoin, surtout lorsque les événements mettaient à mal les infrastructures de télécommunications traditionnelles. “Nous avons enregistré une hausse de la demande de 10 à 15 %, mais rien ne dit que nous conserverons définitivement cette nouvelle clientèle”, admet le directeur général de TDCom.

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Philippe Pélaprat