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Le jeune informaticien, nouvel ami des SSII

Le panel Entreprises Apec 2005 prévoit une augmentation du recrutement de cadres. Dont au moins 31 000 dans l’informatique.

Amorcée il y a deux ans, la croissance du recrutement des cadres se confirme en 2004. Et elle s’accélère cette année : les entreprises devraient ainsi embaucher entre 30 600 à 34 500 informaticiens sur un
total de 143 000 à 155 000 cadres. C’est ce qu’indique le tout dernier panel Apec, réalisé en décembre dernier auprès d’un échantillon de 11 000 entreprises du secteur privé.Le directeur général de l’Association, Jacky Chatelain, insiste pour sa part sur le rôle moteur que jouent les sociétés de services informatiques, qui avaient déjà embauché en 2004 plus de 25 000 cadres, toutes
fonctions confondues. Elles sont, par ailleurs, les plus optimistes.Un gros tiers des SSII (37 %) prévoient une croissance de leurs effectifs pour 2005, contre seulement 2 % qui envisagent de les réduire. Sur l’ensemble des sociétés interrogées par le panel, 80 % estiment que le
nombre de leurs salariés restera stable. ‘ C’est dire la fragilité de cette croissance ‘, tient à souligner Jacky Chatelain.

La cote des jeunes diplômés remonte

L’autre bonne nouvelle de ce panel est la reprise de l’embauche des jeunes diplômés, mais, là encore, dans le secteur des services informatiques. Même si la préférence va encore vers les jeunes cadres qui disposent de
trois à cinq ans d’expérience, les portes ne sont plus fermées aux débutants. Les entreprises en ont recruté 6 600 en 2004.Tendance que confirment les écoles d’ingénieurs. ‘ Les élèves issus de la dernière promotion ont tous trouvé un emploi dès leur stage de fin d’études. Et de nombreuses offres proviennent de sociétés
de services ‘
, dit Cécile Moreau, de l’association des ingénieurs de l’école toulousaine Enseeiht. Même son de cloche de la part de l’Epita : ‘ 80 % de nos élèves diplômés
en 2004 ont obtenu un CDI deux mois avant la fin de leurs études ‘
, indique Laurent Trébulle, directeur des relations entre l’école parisienne et les entreprises.Comment expliquer cet enthousiasme du secteur informatique pour les débutants ? Pour Laurence Hurni, responsable du centre de la Défense de l’Apec, les entreprises font appel aux compétences technologiques toutes fraîches de
ces jeunes ingénieurs, profitant également du montant plus faible de leurs salaires. Même si celui-ci, d’après Laurent Trébulle de l’Epita, a rattrapé les baisses des années 2002 et 2003. ‘ Le salaire moyen
annuel de nos jeunes diplômés s’élevait l’année dernière à 32 000 euros ‘
.Un niveau qui rejoint les montants annoncés par des sociétés comme Accenture ou CGI : la première compte offrir à ses futurs consultants juniors une rémunération brute annuelle comprise entre 32 000 et 40 000 euros,
et entre 21 000 et 30 000 euros, selon leur niveau d’étude, aux recrues de sa branche ingénierie. Tandis que la seconde établit sa fourchette de salaires entre 30 000 et 36 000 euros pour les débutants.Ce mouvement devrait se poursuivre, puisque les sociétés de services sont d’ores et déjà confrontées à une pyramide des âges de plus en plus vieillissante. Ainsi, pour ce seul mois de janvier, le site de recherche d’emploi
en ligne Cadresonline (site appartenant au Groupe Tests, éditeur de 01 Informatique) a proposé plus de quatre cents offres d’emploi informatiques, dont 75 % pour des postes de développement à l’intention
d’ingénieurs, de consultants et de chefs de projet.Accenture annonce un plan de recrutement de 1000 personnes, dont les deux tiers de jeunes diplômés, au lieu de 750 l’année dernière. Avec 600 postes de consultants et 400 répartis entre développeurs, ingénieurs
d’études et chefs de projet, tous ces recrutements sont destinés à accompagner les grands projets de transformation des systèmes d’information des entreprises, à la fois sur le plan technologique et organisationnel.A moindre échelle, CGI France compte embaucher 50 personnes dans les douze prochains mois, soit deux fois plus qu’en 2004. Autre conséquence, enfin, de cette reprise du marché de l’emploi, le turnover est, lui aussi,
à la hausse. Ce taux de renouvellement des effectifs a atteint 11,8 % en 2004, contre 9,3 % l’année précédente.

L’Ile-de-France concentre les deux tiers des recrutements

Les résultats du panel Apec révèlent également l’influence des régions en termes d’emploi. Ainsi, l’Ile-de-France conforte sa position de leader en concentrant 73 % des recrutements d’informaticiens
cadres en 2005 (soit 24 000 embauches), contre 64 % (16 100 embauches) en 2004. Cette première place s’explique essentiellement par le nombre de sièges sociaux, et principalement ceux de sociétés de services
informatiques.Midi-Pyrénées arrive en deuxième position, avec une prévision de 5 % en 2005, soit environ 1500 recrutements, contre 8 % l’année précédente pour 1900 embauches. Vient ensuite Rhône-Alpes avec 3 % des
recrutements de 2005, soit environ 1000 postes d’informaticiens (7 % en 2004 pour 1750 embauches). Puis la Bretagne, le Nord-Pas-de-Calais et Paca, avec environ 900 recrutements pour chacune de ces régions.‘ L’informatique dépend essentiellement du potentiel d’investissement des entreprises, explique Pierre Lamblin, directeur des études et recherche à l’Apec. Il suffit donc
qu’un secteur tousse pour que les recrutements ralentissent. Or, bien des régions dépendent d’un seul secteur industriel. Ainsi en est-il du Nord avec l’industrie textile. La région Rhône-Alpes a, elle aussi, perdu de son
attrait en raison de la baisse des projets industriels en recherche et développement. Quant à Midi-Pyrénées, certaines entreprises ont anticipé un an plus tôt des recrutements importants de cadres, notamment dans le secteur aéronautique, ce qui
explique ses prévisions à la baisse pour 2005. Quant à la Bretagne, elle continue sur sa lancée. ‘
Ces données, toute personne en recherche d’emploi devrait en tenir compte. Si l’Ile-de-France dispose de toutes les bonnes raisons d’attirer les candidats, notamment les débutants, les autres ne manquent pas
d’attraits. Ainsi, le Languedoc-Roussillon, beaucoup moins sous les feux de la rampe, voit cependant l’ensemble de ses recrutements augmenter, tirés par les nouvelles technologies. En Bretagne, dont le tissu de PME a réussi à résister
aux années sombres, l’informatique et les télécoms pourraient à nouveau générer des volumes de recrutement significatifs. De même dans les régions Aquitaine ou Paca où, après quelques années difficiles, les services informatiques retrouvent
enfin la croissance.

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Christine Peressini, avec Clarisse Burger et Anne-Françoise Marès