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Le Japon tout ouïe

Promis pour 2002, le programme Kari no Mail permettra à la police de se connecter directement chez le FAI.

En juillet 1997, une commission du Parlement japonais, rattachée au ministère de la Justice, présentait un document visant à légaliser les écoutes et la surveillance des téléphones fixes ou portables, des télécopies, des messageries électroniques et des ordinateurs professionnels ou personnels. Le ministère devait ensuite dresser les contours d’une loi permettant de lutter contre la criminalité et les organisations mafieuses. Son nom en japonais : Tochoho. Le Japon est donc officiellement entré en lutte contre les mafieux de tous poils mais aussi contre l’internet citoyen : l’autorité d’État surveille les communications des usagers du téléphone et d’une quarantaine de millions d’utilisateurs d’internet, dont quelque 25 millions accèdent au réseau à partir de leurs téléphones portables I-mode.Une loi votée au Parlement en mars dernier a alloué un budget d’1,3 million d’euros afin de créer le programme d’interception et de surveillance. Son nom : Kari no Mail, très apparenté phonétiquement à son frère américain Carnivore. Parmi les entreprises japonaises de l’électronique, Hitachi, notamment, a répondu à l’appel d’offre des pouvoirs publics afin de livrer Kari no Mail clés en main au ministère de la Justice et à l’agence de la police nationale japonaise dès le printemps 2002.Sur présentation d’une requête du tribunal, le policier lambda pourra exiger des FAI qu’ils installent le logiciel en ” bretelle ” sur leurs connexions. Ce qui irrite les parlementaires de l’opposition qui, à l’instar du sénateur social-démocrate Fukushima, considèrent “dangereux pour les libertés publiques et privées ” ce ” blanc seing ” accordé à la police par les tribunaux. Tokyo sera doté de deux de ces programmes d’interception pouvant gérer des millions de messages, quinze autres Kari no Mail iront dans les préfectures de police en région.Les FAI sont furieux, les associations d’utilisateurs aussi, sans compter les ONG qui ont déposé des demandes d’explications auprès de chaque parti politique. Revendication de base : le droit à la confidentialité et au secret des communications privées est inscrit dans l’article 21 de la Constitution japonaise. Un texte qui garantit “ la liberté de réunion et de parole sous toutes ses formes et interdit le secret ou la violation de tous moyens de communications.

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Joël Legendre-Koizumi à Tokyo