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Le fossé se creuse entre l’ADSL des villes et l’ADSL des champs

Tarifs qui varient du simple au double, débits multipliés par huit… Selon qu’ils habitent ou non dans une zone dégroupée, les candidats à l’ADSL ne sont pas soumis au même régime. Et les annonces de la rentrée
n’arrangent rien.

Le ciel est gris, la rentrée se profile et les fournisseurs d’accès se placent en ordre de bataille.
Après AOL et
Wanadoo, c’est au tour de Free, Tele2 et Club Internet d’y aller de leurs nouveautés.Les trois annonces soulignent une tendance de plus en plus prégnante sur le marché de l’ADSL dans l’Hexagone : le fossé se creuse entre les forfaits réservés aux clients qui résident dans des zones de dégroupage (grosso modo les
zones urbaines denses) et les autres. Il s’agit ici d’une autre forme de fracture numérique, moindre que celle qui divise bénéficiaires de l’ADSL et les ‘ non éligibles ‘, mais qui risque de susciter la grogne de nombreux
internautes.Ainsi, Télé2 affiche de nouveaux tarifs très attrayants, mais uniquement pour les zones dégroupées. Là, les clients paient désormais 14,90 euros par mois pour un accès à 1024 kbit/s (256 kbit/s en émission) alors que les
autres doivent se contenter de 128/64 kbit/s seulement, pour le même prix. Idem pour le forfait à 19,85 euros par mois : le débit de 2 048/256 kbit/s pour les internautes ‘ dégroupés ‘ tombe à
512/128 kbit/s pour les autres (les prix impliquent la présélection téléphonique, à défaut, le client devra rajouter 5 euros).Même politique chez Club Internet. Le FAI propose des baisses de tarifs notables, mais ceux qui ne résident pas en zones dégroupées feront, à juste titre, la grimace. Ainsi, l’accès à 128 kbit/s, qui n’est disponible que dans les
zones non dégroupées, coûte 19,90 euros par mois, soit 4 euros de plus que le 512 kbit/s en zone dégroupée (14,90 euros). Le 512 kbit/s non dégroupé lui, coûte le double : 29,90 euros ! Cette différence de
régime s’applique aussi au 1024 kbit/s : 19,90 euros en zone dégroupée et 39,90 euros sur le reste du territoire.

Free passe au 6 Mbit/s

Qui dit dégroupage dit meilleurs tarifs mais aussi meilleurs débits. Free, par exemple, annonce aujourd’hui que ses clients dégroupés bénéficieront bientôt d’un débit de 6 Mbit/s en descente et de 512 kbit/s en montée. Les
autres devront se contenter pour le même prix (29,90 euros) d’un accès à 2 048/128 kbit/s. Ce faisant, l’ADSL de Free redevient le plus rapide du marché, en repassant devant la très récente offre d’AOL à 5 Mbit/s
(512 kbits/s en montée) pour 27,90 euros, elle aussi réservée aux habitants des zones dégroupées. Quant à neuf telecom, d’ici quelques jours, il annoncera à ses clients dégroupés à 512 kbits/s qu’ils bénéficieront automatiquement du
passage à 1 Mbit/s, sans supplément de prix.Il est cependant un domaine où les FAI tentent d’uniformiser leurs offres. Ainsi, neuf telecom annonçait il y a quelques jours que son service de téléphonie sur Internet serait disponible partout. Chez Télé2 et Free aussi, la téléphonie
illimitée n’est pas réservée qu’à une seule catégorie de clients.

Le dégroupage, une affaire de grandes agglomérations

Si les FAI mettent autant en avant le dégroupage, c’est qu’il leur garantit une réelle autonomie technologique et tarifaire. Ils ne dépendent plus des offres de gros de France Télécom et peuvent donc innover, sur les prix et sur les
services. Les futurs accès à très haut-débit, à base d’ADSL 2+, que des opérateurs comme neuf telecom sont en train de tester, démarreront ainsi en priorité dans les zones dégroupées.Les FAI se défendent pourtant de privilégier les zones urbaines les plus denses. Free se plaît à évoquer le cas des 600 habitants de Niedermorschwihr, près de Colmar, désormais éligibles. ‘ Nos choix
dépendent de la disponibilité de la fibre optique, et, à ce titre, nous sommes intéressés par les projets des collectivités qui visent à installer de tels réseaux ‘,
nous expliquait en juin dernier Michael Boukobza, directeur
général de Free. Le FAI prétend aujourd’hui couvrir ‘ plus de 1000 communes représentant plus de 50 % de la population française ‘.Malgré ces discours, force est de constater que le dégroupage est encore et surtout une affaire de grandes villes (Paris, Marseille, Lyon…). Selon la carte du dégroupage fournie par l’ART (www.art-telecom.fr), 28 départements ne sont toujours pas dégroupés et la plupart d’entre eux sont situés dans le centre de la France (Corrèze, Lot, Lozère, etc.) ou dans des zones rurales (Aisne, Landes,
Hautes-Alpes, Jura, etc.).Début juillet, la France comptait 730 720 lignes dégroupées (717 654 en dégroupage partiel et 13 066 en dégroupage total) sur un parc téléphonique total de 34 millions de lignes téléphoniques. En un an, le
nombre de lignes a été multiplié par sept. Ils sont sans doute beaucoup à espérer que ce rythme élevé se maintiendra d’ici lété prochain.

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Guillaume Deleurence