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Le développeur : un créateur devenu mobile

De nouvelles formes d’organisation d’équipes valorisant l’expérience se mettent en place. Des développeurs de composants passent à la réalisation d’applications, et réciproquement.

Les équipes de développeurs d’applications à base de composants objet adoptent de nouveaux principes d’organisation. Les structures de travail de ces dernières années ont en effet montré leurs limites, car elles étaient source des conflits entre les utilisateurs et les développeurs. Le fait est que, dans l’ancien mode de travail, les équipes de développeurs de composants objet manquaient de réactivité. Leurs structures étaient calquées sur les couches des objets à développer. A chaque couche correspondait, de fait, une équipe à part entière. Une équipe pour la couche basse, c’est-à-dire les composants techniques tels que les transactions, la sécurité ou les accès aux bases de données. Et une autre pour les composants métier, soit la gestion des portefeuilles titres – par exemple, pour une banque. Et, enfin, encore une équipe pour les interfaces homme-machine. Ainsi, pour faire évoluer son application, un utilisateur devait s’adresser à trois équipes différentes. Et cela générait des difficultés.
Depuis peu, les grandes SSII spécialisées dans le développement des applications à base de composants objet proposent des réponses à ce problème issues de leurs expériences du terrain. Ces solutions intègrent un élément commun : les développeurs permutent leurs activités. Les sociétés composent leurs équipes de développeurs suivant deux profils : les réalisateurs de composants et les développeurs d’applications. Et après avoir acquis une expérience significative, ils sont amenés à échanger leurs rôles.
Les démarches diffèrent néanmoins en fonction des sociétés de services. Valtech France, par exemple, s’appuie sur deux équipes. L’une est composée des développeurs de composants objet utilisables dans toutes les applications des divers services de l’entreprise – ceux qui gèrent les clients, par exemple.

Permuter les rôles pour une meilleure productivité

L’autre équipe de développeurs met en place l’application avec lesdits composants. “Au bout de six ou neuf mois, une partie importante des développeurs de composants deviennent développeurs d’applications, précise Philippe Riaux, directeur de la division conseil chez le prestataire. Deux ou trois personnes restent au niveau des composants objet. Lorsqu’une entreprise fait appel à nos services, nous établissons avec elle un diagnostic de l’état de ses équipes de développeurs et des résultats. Ensuite, nous lui exposons notre solution et lui proposons une méthodologie pour l’aider à migrer vers celle-ci. Après accord, nous l’accompagnons dans la migration.”

L’intérêt d’une telle démarche est double. Les développeurs de composants qui ont rejoint le développement des applications apportent leurs expériences accumulées sur les composants. Par ailleurs, ils se trouvent en situation de réutiliser les composants qu’ils ont eux-mêmes développés. D’où une productivité accrue. A l’inverse, une partie de l’équipe de mise au point se retrouve sur le développement de composants et gagne en efficacité du fait de sa compréhension plus large du contexte.
IMRGlobal France, anciennement Lyon Consultants, procède tout à fait autrement. Cette SSII spécialisée dans le développement rapide d’applications à base de composants objet, organise ses équipes suivant trois profils : les développeurs, les intégrateurs et les architectes.
Dans cette dernière catégorie, certains prennent en charge les composants techniques tels que les systèmes de workflow. Déjà écrits, ces derniers sont simplement adaptés en fonction des particularités des besoins du client. IMRGlobal affiche d’ailleurs un taux de 80 % de réutilisation de ses composants techniques de bas niveau, comme les accès aux bases de données. D’autres architectes développent, quant à eux, des composants métier, et leur volume de travail dépend du métier du client chez lequel ils interviennent. En effet, la SSII a déjà constitué des bibliothèques complètes de composants métier réutilisables, dédiés à certains secteurs d’activité, comme les agences bancaires, les assurances ou les télécommunications. Les développeurs, pour leur part, réalisent l’application à partir des composants créés ou adaptés par les architectes. Ils rajoutent des règles de gestion spécifiques à l’application et des composants liés à l’interface homme-machine. Enfin, l’application finale est réalisée par les intégrateurs, qui assemblent les éléments fournis par les architectes et les développeurs. Ils assurent également le suivi des versions de composants délivrés par les architectes afin de faire évoluer les applications.
Par ailleurs, IMRGlobal assure la formation de tous les informaticiens qui travaillent dans ses équipes. Ainsi, les architectes, recrutés au niveau bac + 4 ou 5, sont formés pendant deux semaines à la fabrication des composants objet.

Les grandes entreprises encore à la traîne

Ensuite, ils sont parrainés pendant un an. Les développeurs – également recrutés à partir de bac + 4 – suivent, eux, un cycle de préparation de seulement deux semaines de formation et trois mois de parrainage.
En dehors des SSII, ces nouveaux modes d’organisation ne se diffusent encore que lentement. En effet, la plupart des grandes entreprises ont gardé depuis des années les mêmes manières de travailler, peu adaptées aux technologies nouvelles et, précisément, au développement par composants objet. Le groupe Air France, par exemple, est équipé de grands systèmes et d’applications en Cobol et en Fortran. Le groupe a pourtant lancé un certain nombre de projets de développement d’applications à base de composants. “Nous avons déjà réalisé des applications commerciales à base de composants objet, confirme Laurent Mondemé, chargé d’assistance à la modélisation et aux outils à la direction de la stratégie informatique. Nous travaillons actuellement sur le programme des vols et sur la gestion du personnel navigant. Pour ce faire, nous avons eu recours à la société canadienne DMR, ainsi qu’à Valtech pour nous accompagner.” La direction des études informatiques du groupe compte huit cents personnes, dont la majorité travaille avec d’anciennes méthodes. “Pendant dix ans, Air France n’a pas embauché, explique Laurent Mondemé. Aujourd’hui, seul 10 % du personnel informatique a moins de deux ans d’ancienneté.”.

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smaïla Sarr