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Le compteur tourne pour le conseil et l’ingénierie de réseaux

La déréglementation et l’e-business profitent aux sociétés d’ingénierie spécialisées. Elles prospèrent aux côtés des SSII en facturant au temps passé les services de leurs ingénieurs.

Intérim de luxe pour les uns ou prestations d’expert de haut niveau pour les autres ? Dispensés aux entreprises clientes sous la forme de journées de consultant ou d’ingénieur, ces services font les beaux jours des sociétés d’ingénierie ou de conseil.

Le forfait implique une évaluation précise du temps requis

Leurs noms ? Alten, Devoteam, ESR. Créées depuis moins de dix ans pour la plupart, elles sont presque toutes cotées en Bourse. La dernière en date, Net2s, vient d’être introduite sur le nouveau marché de Paris. Derrière ce succès se cache souvent une activité de régie d’ingénieurs, qui consiste à placer chez ses clients des consultants qualifiés, recrutés et formés par l’entreprise d’ingénierie, et dont les services sont facturés au temps passé. Ces prestations s’opposent aux opérations réalisées au forfait. Celles-ci exigent de la société de services une juste mesure du risque de dépassement d’une mission.
Autrefois réservée à l’informatique, la régie d’ingénieurs s’est déplacée sur d’autres créneaux tout aussi profitables. Avec un chiffre d’affaires de 4 milliards de francs et un bénéfice net de 10 % en 1999, Altran prospère dans l’ingénierie et le conseil en haute technologie. Celui-ci s’est fait une spécialité de la délégation d’ingénieurs chez des industriels de l’aéronautique, de l’électronique ou des télécommunications. Ces spécialistes interviennent au niveau de la recherche-développement des systèmes d’information, voire en audit et en organisation industrielle. Alten, créé en 1994 sur une approche comparable, ‘ vend ‘ aussi les prestations de ses ingénieurs auprès de très grandes entreprises. Ceux-ci interviennent très en amont dans le processus de recherche-développement.
La déréglementation des télécoms a provoqué l’émergence d’une autre génération de sociétés de conseil et d’ingénierie dont les compétences sont orientées vers les réseaux étendus. Elles surfent aussi sur la vague Internet qui bouleverse les systèmes d’information des entreprises et des opérateurs en introduisant plus d’intelligence dans les infrastructures de communication.

Des interventions dans les couches basses du réseau

Ces sociétés se distinguent des SSII (sociétés de services et d’ingénierie en informatique) au sens où elles sont très engagées dans les couches basses du réseau et où elles interviennent peu au niveau de l’application. Les ingénieurs de ces sociétés sont impliqués chez les clients dans les phases de réalisation et de déploiement.
A la suite d’études d’opportunités, il apparaît que, en France, peu de sociétés étaient capables de répondre aux besoins en ingénierie sur le marché des opérateurs télécoms ‘, relève le document d’introduction en Bourse de Devoteam, qui justifie la création de cette dernière en 1995. Devoteam affichait 228 millions de francs de chiffre d’affaires en 1999, soit près de 1 000 % d’augmentation en trois ans. ‘ Les entreprises attendent de la part de leurs prestataires une approche projet et solutions, conduite par des consultants qui comprennent le c?”ur de leurs métiers ‘, explique Bernard Razaghi, président de Net2s. Créée en 1996, la société _ 70 millions de francs de chiffre d’affaires en 1999, pour un résultat net de 7,9 millions de francs _ s’est notamment spécialisée dans les réseaux et les systèmes d’information de salles de marché. Après un démarrage éclair, depuis sa création en 1987, ESR a connu un sérieux tassement de son activité en 1999, mais a terminé l’année avec plus de 200 millions de francs de chiffre d’affaires.

Le prix moyen de la journée à environ 3 000 F

SoluCom a affirmé, lors de son introduction en Bourse au début de février de cette année, ‘ vendre un savoir-faire et non un ingénieur dans le cadre d’une simple délégation de personnels ‘. ‘ Dans le chiffre d’affaires comptabilisé au temps passé, la part de régie est minoritaire par rapport à celle dédiée à un projet ‘, commente Olivier Guérin, directeur de l’activité Architecture Intranet. La société réalise 70 % de son chiffre d’affaires _ 55 millions de francs en 1999 _ avec des prestations facturées au temps passé. Les 30 % restants concernent des opérations facturées au forfait. Elles portent sur des prestations de conseil et d’intégration. Créé en 1993, Siticom profite pleinement de la déréglementation. Cette société s’est spécialisée dans le conseil et l’assistance auprès des opérateurs, des constructeurs et des grands utilisateurs de réseaux de télécommunications. ‘ La moitié de notre personnel travaille en régie chez les clients sur des missions de conseil. Notre chiffre d’affaires provient presque exclusivement de prestations facturées au temps passé ‘, indique Bernard Tanguy, un des deux associés fondateurs de Siticom. La prospérité de ces sociétés d’ingénierie et de conseil dépend directement du prix de la journée facturée. Toutes sont discrètes sur leur propre niveau de facturation. Selon des sources concordantes, le prix du marché se situerait aux alentours de 2 500 à 3 000 F par jour. ‘ Nos ingénieurs génèrent un chiffre d’affaires moyen de 650 000 F ‘, reconnaît le président de Net2s, Bernard Razaghi. Devoteam révèle un prix moyen facturé de 2 950 F par jour en 1998, dans les documents accompagnant son introduction en Bourse en octobre 1999.
Ayant bâti leurs fonds de commerce sur les prestations de conseil à forte valeur ajoutée, la valeur de ces sociétés tient à leurs savoir-faire en matière de recrutement d’ingénieurs de haut niveau, d’une part, et à l’entretien d’une culture interne d’experts techniques, d’autre part. La direction des ressources humaines est devenue un service stratégique pour ces entreprises. Parallèlement, la direction technique joue un rôle central. Elle sert à la fois de veilleur technologique interne et de ‘ gardien ‘ des savoir-faire du groupe et de la gestion de partenariats technologiques avec les fournisseurs du secteur _ quand ils existent. Le complément indispensable de la gestion de savoir-faire technologiques est l’Intranet, dont se sont dotées toutes ces sociétés de services, copiant en cela leurs prestigieuses aînées : les grandes sociétés d’audit et de conseil nord-américaines. Cet outil informatique s’appuie en général sur une base de connaissances où se concentre la mémoire de l’entreprise, enrichie par les informations engrangées lors de ses missions successives.

Des filiales spécialisées dans le développement d’applications

Ces sociétés développent aussi des services complémentaires. Autour du concept de délégation de personnels, Net2s a développé des offres d’insourcing, consistant à gérer chez le client l’exploitation de son réseau ou de son système d’information. Siticom propose du conseil en marketing auprès d’opérateurs et distribue les produits développés par DRS Group (fourniture d’informations tarifaires personnalisées et développement de logiciels pour la tarification).
Si elles ne développent pas d’applications, ces sociétés de conseil et d’ingénierie ont parfois monté des filiales qui exercent cette activité. Devoteam a ainsi créé Dataserve qui intervient dans la refonte d’applications autour de technologies de développement liées à Internet. Elle participe aussi au développement d’applications spécifiques ou à l’intégration des progiciels de groupware ou de gestion de la relation clients. Chez Net2s, la filiale Open Up s’est, quant à elle, spécialisée dans les technologies de développement d’infrastructures applicatives de nouvelle génération : langage orienté objets, middleware, serveur d’applications…
Précision : ces sociétés restent avant tout des prestataires de services, mais ne créent pas, à proprement parler, de logiciels.

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Frédéric Bergé