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Le capital de Devoteam change, pas les prévisions

L’entrée de Fidelity dans la SSII ne modifie pas sa structure. Mais le titre apparaît presque victime de ses bons résultats.

Consécration ou sujet de stress supplémentaire ? L’entrée de Fidelity, le très exigeant fonds américain, au capital de Devoteam, n’est pas passée inaperçue, au sein d’un secteur bousculé par les marchés financiers. L’opération se fait, il est vrai, à l’occasion de la sortie d’un actionnaire historique, Guy-Hubert Bourgeois, qui détenait 10,5 % du capital. Le reclassement de cette participation chez Fidelity, accompagné de deux autres grands fonds, confirme, quoi qu’il en soit, Devoteam dans son statut de bon élève de la classe SSII.

Performances conformes

Tournée plus précisément vers l’expertise des infrastructures réseaux et systèmes et des applicatifs e-business, la société suscite à plus d’un titre l’approbation de la communauté financière. Les résultats 2001 sont en ligne avec les anticipations livrées dès le troisième trimestre. Les analystes, sensibles à cette précision, sont d’autant plus attentifs aux promesses pour l’année 2002 : une croissance organique de 15 % et une marge de 9 % (au premier semestre). “La visibilité étant faible, les SSII tiennent toutes le même discours : priorité à la profitabilité. Mais celles qui y parviennent sont rares. Or Devoteam a atteint la taille critique pour les grands comptes, comme le prouvent ses dernières références, EDF, La Poste ou Peugeot. C’est bon pour l’activité comme pour les marges”, explique Jean-Christophe Littaye. Le spécialiste de la valeur chez Aurel Leven relève résolument sa note de “alléger” à “accumuler”. L’apparente insensibilité de Devoteam à l’environnement, paradoxalement, suscite les inquiétudes. “On attend la mauvaise nouvelle, et cela finit par freiner les investisseurs. Il est presque impossible d’être immunisé contre la conjoncture”, note un analyste.

Résistance à la crise

En Bourse, le titre se distingue de ses comparables, Valtech, Fi System, Net2S ou Silicomp. Mais reste bon marché. “Je vois encore deux éléments positifs : le niveau de la trésorerie, quelque 57 millions d’euros, et l’élargissement du flottant consécutif à la cession de Guy-Hubert Bourgeois. La seule crainte, en effet, concerne l’intensification de la pression sur les prix, Net2S annonçant une guerre tarifaire. Mais selon nos appréciations, le PER [Price Earning Ratio, rapport cours sur bénéfice, ndlr] 2001 ressort à 18,6, et à 17 pour 2002. Cela n’est pas élevé”, admet Jean-Christophe Littaye. Seul un profit warning hypothétique modère donc la tendance haussière. Alors la “mauvaise nouvelle” est-elle pour bientôt ? “2002 ne sera pas miraculeuse, nous l’avons dit. Mais le même management, qui avait séduit les marchés en période de forte croissance, est en train de démontrer sa capacité à résister dans une conjoncture difficile. En termes commerciaux, nous basculons vers l’industrie et les services, devant les difficultés de nos clients traditionnels, les télécoms et la finance”, plaide Stanislas de Bentzmann, coprésident du directoire de Devoteam. Avec la reprise de Siticom pour 50 millions d’euros, la SSII renforce ainsi son pôle conseil.

Acquisitions en perspective

Encore chétive à l’international (25 % du chiffre d’affaires seulement), Devoteam vient donc de s’y renforcer, Siticom étant très présente en Europe du Nord. Et la croissance externe n’est sans doute pas finie. “Nous discutons en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Espagne. Étant en position de force, nous négocions très durement”, détaille le pilote du groupe. Une autre opération de taille en France ? Les dossiers Net2S, Valtech et Micropole, notamment, ont été présentés au management de Devoteam, selon les rumeurs bancaires. “Ces sociétés ne nous excitent pas beaucoup. Net2S va mal et Valtech est chère. Mais nous ne nous interdisons rien. Si une consolidation se produit à Paris, on ne restera pas les bras ballants”, prévient Stanislas de Bentzmann.

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Jean-Michel Cedro