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Le Bitcoin est-il promis à une mort lente ?

La monnaie préférée du Darkweb est entrée dans une profonde crise, liée à la fois à des problèmes techniques et des dissensions au sein de la communauté.

Ambiance crépusculaire dans le monde du bitcoin, la célèbre monnaie virtuelle. Alors que l’on voit se multiplier les conférences sur la technologie du « blockchain », ce registre décentralisé qui notifie chaque transaction réalisée et qui est un des piliers de la technologie du Bitcoin, les signes de décrépitude de la monnaie numérique se multiplient.

La dernière séance de condoléances en date était une table ronde organisée à l’occasion de la conférence RSA 2016 qui a réuni un ancien développeur Bitcoin – Gregory Maxwell – et deux cryptographes – Joseph Bonneau et Ami Shamir.

Ce dernier n’y est pas allé par quatre chemins. « Le bitcoin existe depuis 2008 et n’a toujours pas décollé. Peu de gens finalement s’y intéressent et les paiements restent relativement anecdotiques. A cela se rajoute de nouveaux problèmes comme une forte concentration du minage et le risque de fraude. Bref, je pense que le bitcoin est condamné à une lente disparition, comme cela a été le cas avec Digicash », explique le chercheur.

GK – Gregory Maxwell, Joseph Bonneau et Adi Shamir

Son confrère Joseph Bonneau le contredit à peine. Seul Gregory Maxwell reste optimiste quant au du Bitcoin. Mais il faut préciser que ce dernier est le directeur technique de Blockstream, une start-up spécialisée dans le Bitcoin qui a déjà reçu 55 millions de dollars en investissement. Son optimisme est donc de rigueur. « Les anciennes monnaies virtuelles ont disparues car elles étaient centralisées. Mais ce n’est pas le cas du bitcoin. Tant qu’il y aura des utilisateurs, le système fonctionnera. Il est donc très difficile d’imaginer quelle forme prendra la fin du Bitcoin », explique M. Maxwell.

Quoiqu’il en soit, il est certain que la cryptomonnaie est dans une profonde crise. En janvier dernier, l’un des principaux développeurs du Bitcoin, Mike Hearn, a claqué la porte du projet, totalement dégouté. Dans une longue note de blog, il estime que le bitcoin est un échec, et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la capacité de minage est concentrée par une dizaine de personnes localisées en Chine. Ce qui pose la question de la nature décentralisée du bitcoin aujourd’hui. « Deux d’entre eux contrôlent déjà plus de 50 % de la puissance de calcul », souligne Mike Hearn. Par ailleurs, la Chine est une partie d’Internet qui n’est pas naturellement reliée aux autres, mais filtrée et surveillée par les autorités locales. Ce qui pose aussi des problèmes de performances.

DDoS et menaces de mort

Mais ce qui a le plus fait souffrir Mike Hearn sont les luttes intestines. Selon lui, le réseau Bitcoin a presque atteint la limite théorique du nombre de transactions par seconde. En effet, Satoshi Nakamoto, le mystérieux inventeur du bitcoin, a défini une limite maximale du nombre de transactions que l’on pouvait inscrire dans le blockchain toutes les dix minutes, pour éviter que les mineurs ne soient submergés. Résultat: le temps de confirmation des transactions devient très long, car elles sont mises en attente. Parfois, il faut désormais attendre plusieurs heures !

Pour résoudre ce problème, M. Hearn voulait augmenter cette limite théorique, par une nouvelle version du logiciel baptisée « Bitcoin XT ». Mais cette idée a créé une forte dispute au sein de la communauté. Certains étaient d’accord, d’autres non. Gregory Maxwell, justement, était l’un de ses principaux adversaires. Il estimait qu’augmenter cette limite donnerait trop de pouvoir aux grandes entreprises. Le projet a finalement été torpillé par des attaques DDoS agrémentés de menaces de mort. Bonne ambiance.

Transactions parallèles

Il est intéressant de constater que la start-up de M. Maxwell propose une autre solution pour résoudre ce même problème de limite. Son idée est de créer des transactions parallèles appelées « sidechains » qui se feraient en dehors du réseau Bitcoin mais qui pourraient se synchroniser avec lui. Pour l’instant, cette technologie est très expérimentale.

Le Bitcoin va-t-il mourir, peut-être même imploser? Ou la communauté arrivera-t-elle à trouver une solution aux multiples problèmes rencontrés? L’année 2016 sera certainement une année charnière de ce point de vue.

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Gilbert KALLENBORN