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La vie privée est-elle soluble dans Internet ?

En attendant la mise à jour de la directive européenne d’octobre 1995 sur la protection des informations personnelles, les acteurs de l’e-commerce ont fait le point sur les traitements ” sauvages ” des données collectées via Internet.

Jusqu’alors, la situation n’était pas dramatique. Mais, depuis peu, les entreprises, pour alimenter leur trésorerie, vendent les informations qu’elles détiennent sur leurs clients”, constatait Mathieu Violet, directeur de Consodata e-business, lors de la réunion du Club de la presse informatique, le 5 avril dernier, à Paris.Le déploiement d’Internet, en effet, change la donne : le prix de revient de la collecte des informations est nul car c’est l’internaute qui saisit les données, et son traitement coûte très peu cher puisque Internet est fondé sur une infrastructure de trace.

Une loi inefficace

Dans ce contexte, l’inefficacité de la loi informatique et libertés de 1978 est criante. La collecte d’information se développe le plus souvent à l’insu de l’internaute, alors que les applications de CRM, qui permettent de faire des analyses à partir des visites d’un site, sont fortement prisées des entreprises.Autres sujets d’inquiétude : les rapprochements de fichiers comportant des données pointues sur les clients, ou le partage d’informations entre plusieurs services de l’entreprise. Or, face à l’absence d’un cadre législatif, les entreprises constatent que leurs clients sont attentistes et assez peu demandeurs de conseil dans ce domaine. “Ils pensent qu’il est urgent d’attendre. Les responsables marketing sont conscients des problèmes, mais pas des risques”, résume Michel Bruley, directeur marketing datawarehouse de NCR-Teradata.Et d’ajouter : “Si le marché des outils de one-to-one marketing représente, hors matériel, un chiffre d’affaires mondial de 6 milliards de francs, la plupart des données collectées ne sont pas encore utilisées à des fins marketing. Les programmes ne sont finalement pas très faciles à mettre en place…”Pour Marie Georges, de la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), certains problèmes peuvent être résolus : “Il faudrait déjà déclarer régulièrement les collectes de données et notifier systématiquement à l’internaute le droit d’opposition à l’usage. La collecte des e-mails dans les parties publiques d’Internet, par exemple, est estimée contraire au principe de la protection de la vie privée et, de ce fait, interdite. ” D’après la Cnil, le Spamming est une des formes les plus intrusives de l’e-commerce. Restent en suspens les questions de la collecte de données publiques et de leur édition, et celle des données de connexion (faut-il les conserver a priori pour des besoins judiciaires ?).

Une autorisation obligatoire de circulation

En première ligne aussi : les données de géolocalisation. Pour Daniel Naulleau, du Creis (Centre de coordination pour la recherche et l’enseignement en informatique et société) : “L’autorisation préalable de circulation doit être obligatoire pour tous fichiers qui permettent une traçabilité et pour tous ceux qui ont pour objectif de définir un profil.” Bref, il y a du pain sur la planche pour chaque acteur de la chaîne du commerce sur Internet. Mais, plaide Mathieu Violet : “Il serait dommage de gâcher ce média extraordinaire qu’est la messagerie électronique.

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Dominique Debas