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La veille concurrentielle supplante l’intelligence économique

Le concept d’intelligence économique est peu appliqué dans les sociétés françaises. Mais la veille concurrentielle arrive au secours d’une surabondance informationnelle annoncée.

Notion anglo-saxonne, l’intelligence économique (IE) ne fait pas recette en France. Coûteuse et longue à mettre en place, elle ne peut se développer sans une forte impulsion de la tête de l’entreprise. Par conséquent, c’est la veille stratégique, plus accessible parce que stigmatisée par une panoplie de logiciels, qui se développe. Ce que constate Jacqueline Sala, rédactrice en chef de Veille Magazine : ” L’IE est un projet interne qui se gère sur le long terme et qui appartient à l’activité stratégique de l’entreprise ; alors que la veille stratégique, plus spontanée, est un véritable levier de compétitivité.”

Les DSI ont compris qu’il s’agissait d’un projet de gestion

Les éditeurs de portails, de logiciels et de bases de données mi- sent sur ce second marché. Ce qui conduit à un débordement d’informations, à l’origine de l’adoption des outils de net intelligence. “Les entreprises doivent sortir la tête de ce flot, analyse Pierre-Jacquelin Romani. Les DSI, qui ont compris qu’il s’agissait d’un projet de gestion et non pas d’un projet technique, ont trouvé leurs marques auprès de la direction générale.” Aujourd’hui, la difficulté est d’accéder à la bonne information, rapidement et au bon moment. “Les outils dégrossissent le sujet. 90 % des informations sont rapidement accessibles, mais la valeur ajoutée se trouve surtout dans les 10 % restants “, remarque Yannick Poivet, du cabinet Kroll. De fait, les seules informations contenues sur le net visible ne suffisent pas, et le cabinet de François Libmann ne s’y trompe pas en effectuant les recherches les plus diverses pour les entreprises : “Nous exploitons des milliers de banques de données et un important réseau de correspondants répartis dans le monde entier.”Stéphane Martin, directeur des études chez Cybion, analyse ainsi cette difficulté : “La direction générale se mêle beaucoup plus des projets de veille, et leurs services les développent. Les éditeurs, quant à eux, vendent leurs produits, mais ils ne soulignent pas assez la nécessité de professionnaliser le traitement et l’analyse de l’information, ainsi que la soumission utile des résultats.”De fait, les entreprises ne doivent pas miser sur la seule valeur ajoutée de l’outil. Un sous-traitant du secteur automobile avait initié, avec son directeur marketing, la mise en place d’une veille tout automatisée. Ce fut un échec. Le réseau hybride homme-machine doit bien fonctionner pour une veille efficiente, et le processus information-décision ne peut être raccourci efficacement qu’avec de bons analystes.

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Xavier Fonquernie