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La technologie évolue, les hommes ne changent pas

Ces derniers temps, la seule chose au monde qui soit plus volatile que le Nasdaq, c’est sans aucun doute la frénésie qui l’entoure. Il y a…

Ces derniers temps, la seule chose au monde qui soit plus volatile que le Nasdaq, c’est sans aucun doute la frénésie qui l’entoure. Il y a six mois, Cisco était présentée comme le bon élève de la nouvelle économie. Aujourd’hui, la société est affectée par la chute de ses ventes. Preuve, pour certains, qu’internet n’a pas changé les règles du jeu. Les experts de la révolution digitale promettaient que le travail en réseau allait stabiliser l’économie. En théorie, les managers devaient utiliser les informations reçues en temps réel pour optimiser l’offre et la demande, ce qui devait réduire l’amplitude des cycles économiques. Nous nous sommes même laissés aller à croire qu’internet éliminerait complètement ces amplitudes. Mais c’était perdre de vue le fait que le processus d’optimisation de l’offre et de la demande nécessite des prévisions fiables de l’activité future.Les techniques d’anticipation, même assistées par ordinateur, n’ont pas tellement évolué ces dernières décennies. Construire des prédictions nécessite encore des calculs complexes et ?” plus important ?” du jugement humain. Les avancées récentes en matière de systèmes d’information ont certes permis de mettre les ordinateurs en réseau. Mais les réseaux n’ont aucun impact sur les méthodes d’anticipation du futur.Ne me faites pas dire que les réseaux informatiques n’ont aucun impact sur les prédictions. En fait, ils en améliorent énormément la qualité, non parce qu’ils utilisent de meilleures techniques, mais parce que les temps de construction des prédictions sont considérablement réduites. Grossièrement, la période consacrée par les managers à l’élaboration de leurs prédictions résulte de trois composantes : l’âge des données utilisées pour les prédictions, le temps nécessaire au transport et au traitement des informations relatives au processus de production de l’entreprise, et le temps de production et de livraison du produit.

Gains de temps d’anticipation

Les technologies de travail via internet peuvent réduire ces trois périodes : les données utilisées peuvent l’être en temps réel ; l’information peut être transmise et reçue instantanément ; les délais de production et de livraison peuvent être réduits, grâce à une réduction des stocks à chaque maillon de la chaîne d’approvisionnement. Malheureusement, le délai nécessaire à la construction d’un anticipation ne peut pas être réduit à néant, et le jugement humain reste une composante majeure lors de la constitution de prédictions.Cela nous ramène à Cisco, qui se trouve actuellement étouffée, faute d’avoir su prédire la violente et soudaine chute de ses ventes. Nombreux sont les analystes financiers qui pensent que l’entreprise s’était permise quelques largesses. Mais il est important de prendre conscience que l’utilisation par Cisco des dernières technologies de travail en réseau a permis de limiter les effets de cette récession. Si l’on doit juger internet sur la base de l’expérience récente de la firme, on se doit de tenir compte du caractère imprévisible de cette industrie. Dans les entreprises, les décisions d’investissement sont toujours volatiles. Lorsque l’économie ralentit, le montant de ces investissements diminue encore davantage. Lorsqu’il s’agit de systèmes d’information, les investissements sont plus volatiles encore que pour l’augmentation des capacités de production ; il est plus difficile d’estimer à l’avance les besoins futurs.Les pressions concurrentielles dans les industries à fort taux de croissance rendent la situation encore plus complexe. La dernière des erreurs que vous voudriez commettre est de sous-estimer la demande et perdre des parts de marché parce que votre entreprise n’a pas produit assez. En cas de pénurie, les consommateurs peuvent rendre impossible toute prédiction de la demande. Anticipant ce manque, ils augmentent leurs commandes, en gardant la possibilité de les annuler par la suite. Il devient alors difficile d’imaginer la constitution de prédictions de la demande lorsqu’il n’est même pas possible de savoir si les commandes en cours sont réelles.Les récents déboires de Cisco Systems n’ont pas été interprétés correctement. Le bénéfice tiré des investissements en technologies de l’information est flagrant, et les dirigeants d’entreprises devraient sen inspirer. Il reste encore un long chemin à parcourir.
*directeur exécutif du William F. Achtmeyer Center for Global Leadership à la Tuck School of Business at Dartmouth.

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Chris Trimble*