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La simplicité a trouvé ses limites

Bannir les termes techniques des logiciels, des matériels et des modes d’emploi ? Les néophytes apprécient. Mais les utilisateurs avertis ne s’y retrouvent pas.

‘ Dans les années 80, pour comprendre les modes d’emploi des ordinateurs, magnétoscopes, téléviseurs et autres appareils domestiques, il fallait un diplôme d’ingénieur ! ‘ Cette
phrase, mille fois entendue, est bien sûr exagérée. Mais c’est un fait que les manuels étaient visiblement conçus par des ingénieurs plus soucieux de présenter les innombrables fonctions de leurs appareils que d’en faciliter l’accès aux néophytes.Ces reproches, les concepteurs d’appareils les ont écoutés et pris en compte. Un peu trop, même, semble-t-il… Car, selon le principe du balancier, nous sommes passés du trop complexe au trop simple.Aujourd’hui, et particulièrement en micro-informatique, l’usage veut que l’on élimine les termes techniques, les acronymes barbares et autres spécifications au profit de mots accessibles à tous. Petit exemple entre mille : sur
votre disque dur, le terme de ‘ répertoire ‘, qui fleurait désagréablement son Dos d’il y a vingt ans, a disparu au profit du mot ‘ dossier ‘, plus joli. Rien de bien méchant là.Moins drôle : avec les précédentes versions de Windows, un plantage se traduisait par l’affichage d’un écran bleu, ‘ agrémenté ‘ d’un message d’erreur. Soucieux d’épargner à ses clients l’obscène vision
des entrailles du système, Microsoft a discrètement jeté cet écran bleu à la trappe. Maintenant, quand Windows XP plante, le PC redémarre, tout simplement.C’est plus propre… mais néanmoins regrettable. Car le message d’erreur ainsi escamoté pouvait rendre de grands services à la personne chargée de détecter la cause de l’anomalie.C’est pourtant bien connu : on ne fait pas tomber la fièvre en cassant le thermomètre ! Si cette tendance à occulter toutes les aspérités techniques de la micro est favorablement accueillie par les néophytes, elle ne fait pas
l’affaire des utilisateurs avertis.Ces derniers, de plus en plus nombreux, sont frustrés de renseignements techniques. Ainsi, lorsque vous créez des DivX avec le logiciel WinDVD Creator, d’InterVidéo, une option vous permet d’opter entre trois qualités d’image :
maximale, moyenne ou basse. C’est un peu court, non ? Et vous n’aurez pas d’autres détails, notamment l’espace à réserver sur votre disque dur, un critère pourtant décisif quand on ne possède pas un disque de 400 Go !Or, dans ce domaine, il est possible d’avoir le beurre et l’argent du beurre. Donner aux utilisateurs avertis tous les détails techniques dont ils ont besoin n’est nullement incompatible avec la vulgarisation simple que les débutants
sont en droit d’exiger.Une telle démarche est d’ailleurs adoptée par plusieurs logiciels, dont la procédure de copie sur le disque dur existe en deux variantes : une installation standard, adaptée au néophyte, et une installation personnalisée, dans
laquelle l’expert peut moduler à loisir les fonctions du programme.Voilà un respect du client que l’on aimerait voir se généraliser.* Rédacteur en chef adjoint de l’Ordinateur IndividuelProchaine chronique vendredi 1er octobre

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Etienne Oehmichen*